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Avec :
Meryl Streep (Alice), Dianne Wiest (Susan), Candice Bergen (Roberta), Gemma Chan (Karen), Lucas Hedges (Tyler), David Siegel (le patron de Karen), Daniel Algrant (Kelvin Kranz).
Steven Soderbergh (1963, Atlanta) s'essaya dès l'âge de 15 ans à des courts métrages ; fit, en indépendant, un peu de montage à Hollywood ; puis retourna à Bâton-Rouge tourner d'autres courts et écrire des scénarios. En 1987, le court métrage Winston lui servit de brouillon pour son premier chef d’œuvre, Sexe, mensonges & vidéo (1989), Palme d'Or à Cannes. Parmi une trentaine de longs métrages et une quarantaine d'épisodes de séries télévisées) on retiendra particulièrement, en 2000, Erin Brockovich, seule contre tous (Oscar pour Julia Roberts) et Traffic, quatre Oscars ; ou le prémonitoire Contagion (2011) ainsi que les populaires Ocean's 11, 12, et 13 (2001 à 2007).
Résumé :
Alice Hughes, auteure étatsunienne célèbre, renâcle à se rendre à une remise de prix en Grande-Bretagne, car elle ne prend pas l'avion. Son éditeur la convainc en lui offrant la traversée sur le Queen Mary en compagnie de deux amies et un neveu. Des amies du temps de la fac, qui ne se sont pas revues depuis trente ans...
Analyse :
Un film d'actrices (car le protagoniste mâle, le jeune Tyler, ne pèse pas lourd dans cette histoire) et de dialogues, dans lequel Soderbergh a voulu laisser large place à l'improvisation. Le titre original (Laisse-les causer) en témoigne ! Les décors du Queen Mary, intérieurs et extérieurs, sont attrayants et installent aisément une atmosphère de luxe hors du temps et du monde : le seul événement extérieur à nous être signalé pendant le voyage est la pollution définitive du ciel nocturne par Elon Musk et sa myriade de satellites...
Des trois personnages en jeu, Alice est bien sûr la plus intrigante. Meryl Streep rend à la perfection son obsession pour l'écriture, qui tend à l'isoler. Nous partagerons avec ses compagnes leur curiosité insatisfaite quant à la raison pour laquelle elle les a invitées, et dans une moindre mesure, celle d'Alice : pourquoi ont-elles accepté ? Tout l'art des dialogues sert à créer des attentes ou des bribes de réponses, bientôt frustrées par des échappatoires ou des contradictions. Du coup, le film nous captive davantage (car il captive) par ses nombreuses scènes brillantes, que par un intérêt pour le fond. Quel fond ?
Le mystère et les aléas de la création littéraire sont au centre de l'intrigue – un roman en gestation, à quel sujet ? Ils servent souvent à Alice de refuge contre ce qui ne la tente pas, et sont illustrés en contre-exemple par un passager, écrivain à la chaîne et à succès qu'Alice méprise autant qu'il est admiré par ses amies. On s'amuse, dans ce huis-clos, de voir les personnages s'interroger les uns sur les autres, et tenter par diverses manœuvres d'en savoir plus à leur sujet, abusant au passage de la gentillesse bêtasse du neveu... La divergence des destins entre trois amies de jeunesse, autrefois égales, est une autre ligne de force, qui anime une confrontation douloureuse entre Alice comblée de succès et Roberta humiliée par la vie. L'âge enfin pèse de façon lancinante sur les trois dames ; la naïve jeunesse de Tyler vient accentuer encore cette sensation, et son étonnement sur ce qu'a pu être une vie 'privée de toute technologie' fait déborder le sujet bien au-delà du film !
Jacques Vercueil
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