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Réalisation et scénario : Catherine Corsini – Direction photo : Jeanne Lapoirie – Montage : Frédéric Baillehaiche – Décors : Toma Baqueni – Son : Nicolas Cantin/Fanny Martin/Jeanne Delplancq – Musique : Robin Coudert – Distribution : Le Pacte.
Avec :
Valeria Bruni-Tedeschi (Raf), Marina Foïs (Julie), Pio Marmai (Yann), Aïssatou Diallo Sagna (Kim), Clément Cholet, Ramza Choukair, Norman Lasker.
Cannes 2021, Compétition Officielle
Réalisation : Catherine CorsiniNée en 1956 à Dreux, marquée très tôt par la mort de son père, elle manifeste son goût pour l’écriture et sa passion pour le théâtre. Elle devient scénariste et réalise quelques courts métrages. En 1987, elle signe son premier long métrage Poker, un film noir. En 39 ans de carrière, elle a à son actif quelques films majeurs La Nouvelle Eve (1999), La Répétition (2001), Partir (2009), La Belle saison (2015)…en tout 25 films ce qui est considérable. La fracture a fait partie de la Sélection Officielle Cannes 2021.
Résumé :
Deux femmes homosexuelles, Raphaëlle et Julie, se déchirent, elles sont au bord de la rupture. Une mauvaise chute de l’une d’entre elles les amène au service d’urgences saturé d’un hôpital public parisien. Nous sommes en 2018 alors que se déroulent chaque samedi les manifestations de Gilets jaunes, au sommet de la crise. Un huis-clos très politique, où affleurent les sentiments de solidarité, de compassion. Sans oublier l’humour des situations !
Analyse :
Dans le cadre d’un cinéma « engagé » où l’on expose une fiction bien matérialisée dans les réalités de la vie sociale et politique de notre époque, ce film de Catherine Corsini est un excellent exemple, une réussite, n’ayons pas peur des mots. La crise explosive des Gilets jaunes nous revient avec force (quelle que soit notre opinion de moment sur son bien-fondé) et de quelle manière ! En même temps, la réalisatrice, qui reconnaît que « le sentiment de révolte (la) constitue « (interview du journal Le Monde -2 novembre 2021), décrit magistralement la situation surréaliste, ubuesque, révoltante des services dits « d’urgence » des hôpitaux publics. La pandémie, qui n’était pas encore arrivée sur notre sol et qui n’est pas près de s’effacer de notre mémoire, n’a fait qu’amplifier le sentiment d’incurie de notre système, dont nous étions pourtant si fiers. Il y a trois personnages, deux femmes et un homme, qui incarnent la société française fracturée et interrogative sur son avenir. C’est bien mieux que les pseudo reportages que nous imposent tous les journaux télévisés, qui semblent toujours passer à côté des vrais problèmes. Raf et Julie aux prises avec leurs problèmes relationnels, parfois dramatiques, souvent drôles, subissent l’atmosphère agitée et anarchique des « urgences ». Le film nous montre des internes urgentistes, des infirmières, des aides soignantes, et même des vigiles et des policiers, se coltinant la douleur, la peur – en s’efforçant de bien faire leur travail. Au milieu des cris et des hurlements, des plaintes et des supplications. Yann, le gilet jaune, sauvagement blessé dans une charge policière, clame qu’il voulait parler directement et tranquillement avec Macron. Gouailleur et astucieux il se déplace comme il peut dans le service et ainsi donne un mouvement de vie au milieu des blessés de la vie, en sidération. La touche humaine est évidemment sublimée avec la belle aide-soignante noire à la présence douce et charnelle auprès des gens abandonnés. Elle donne l’image finale du film, par un regard, plein de larmes vers la caméra. Comme le déclare Catherine Corsini : « Comment raccommoder, retrouver du lien ? Je crois qu’il faut commencer par écouter ».
Alain Le Goanvic
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