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Fiche technique :
Réalisateur : Juho Kuosmanen. Scénario : Andris Feldmanis, Livia Ulman et Juho Kuosmanen (d’après le roman de Rosa Likson). Image : JP Passi. Montage : Jussi Rautaniemi. Décors : Igor Lobankov. Musique : Ola Flottum. Distribution : Haut et court distribution.

Avec :
Youri Borissov (Liokha), Seidi Haarla (Laura), Dinara Drukarova (Irina), Tomi Alatalo (Sasha).

Compartiment n° 6 (Hytti n°6)

Allemagne, Estonie, Finlande, Russie, 2021, 107min.

Mention spéciale du jury œcumenique Cannes 2021

Né en 1979 en Finlande, Juho Kuosmanen est diplômé de l’école ELO de cinéma rattachée à l’Helsinki Film School. Il a d’abord mis en scène des spectacles de théâtre et des opéras. Son film Olli Maki (2016) a été primé à Cannes-Un certain regard. Compartiment n° 6 a reçu le Grand Prix du jury à Cannes et une mention du jury oecuménique.

Résumé :

Dans la Russie postsoviétique des années 1990, une étudiante finlandaise, Laura, entreprend un long voyage en train de Moscou à Mourmansk (nord-ouest de la Russie) pour découvrir sur place des pétroglyphes. Elle doit partager son compartiment avec un jeune Russe, à l’abord plutôt abrupt, un ouvrier qui part travailler sur un chantier minier. 

Analyse :

Ce film, très beau et très attachant, du Finlandais Kuosmanen est une histoire tout à fait russe, dans la tradition des nombreuses récits de rencontres dans les chemins de fer qu’on trouve dans la littérature, chez Tchékhov par exemple. Avec son talent de dramaturge de théâtre, dans le huis clos du compartiment, sur le temps compté du voyage, le réalisateur déroule la rencontre de Laura et Liokha, deux jeunes gens que tout oppose au départ. Le rythme du voyage, dans le fracas du train qui roule, des arrêts en gare et des wagons qu’on accroche ou décroche, accompagne les échanges, souvent comiques, entre les deux personnages. Le magnifique Youri Borissov, 28 ans, interprète, tout en nuances dans le regard et la gestuelle, ce jeune Russe qui doit gagner sa vie, en plein effondrement de l’économie russe, et qui s’intéresse tout naturellement à sa voisine. Tout au long du voyage, on cerne de mieux en mieux son caractère, marqué par un certain fatalisme, un vrai esprit de responsabilité, une belle énergie physique et une débrouillardise à revendre. Dans ce ‘train movie’, la société russe de la fin du 20ème siècle est reconstituée avec beaucoup de vérité : la responsable du wagon, autoritaire et bourrue mais pleine d’humanité et les serveurs peu amènes du wagon restaurant (où l’on manque toujours de tout), le train lui-même apparaissant comme un personnage dont on ressent presque physiquement les secousses. Dans la campagne, non loin de Pétrozavodsk, une vieille connaissance de Liokha anticipera sur le cours des événements, estimant que Laura ‘s’est trouvé un bon gars’. Dans le grand nord, les paysages de neige ajouteront encore au charme de cette touchante histoire d’amour.

Françoise Wilkowski-Dehove

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