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Avec :
Denis Podalydes (Philip, l’écrivain américain), Lea Seydoux (l’amante anglaise), Anouk Grinberg (l’épouse), Emmanuelle Devos (Rosalie), Rebecca Marder (l’étudiante), Madalina Constantin (l’espionne tchèque), Miglen Mirtchev (Ivan), Saadia Bentaieb (la procureure), André Oumansky (le père de Philip).
Cannes Première 2021
Réalisation : Arnaud DesplechinNé à Roubaix en 1960, il entre à l’IDHEC en 1981, se forme aux côtés de Pascale Ferran et Eric Rochant, est marqué par Alain Resnais. Son moyen métrage La vie des morts en 1991 reçoit plusieurs prix. Il enchaîne ensuite, après La sentinelle, une dizaine de films qui consacrent sa qualité de cinéaste d’auteur, dont Esther Kahn, Rois et reines - son plus grand succès public, Prix Louis Delluc en 2004-, Un conte de Noël, Jimmy P., 3 souvenirs de ma jeunesse, et Roubaix une lumière en 2019.
Résumé :
Londres - 1987. Philip est un écrivain américain célèbre exilé à Londres. Sa maîtresse vient régulièrement le retrouver dans son bureau, qui est le refuge des deux amants. Ils s’y retrouvent, font l’amour, se disputent, et parlent des femmes qui jalonnent sa vie, de sexe, d’antisémitisme, de littérature, et de fidélité à soi-même…
Analyse :
Ce 11ème long métrage d’Arnaud Desplechin, présenté à Cannes dans la nouvelle sélection Cannes première, est une adaptation du livre autobiographique éponyme de Philip Roth, composé d’une succession de conversations, certaines téléphoniques, entre Philip, romancier américain fixé à Londres et diverses femmes -sa maîtresse actuelle, son épouse, et d’autres apparitions féminines moins réelles et parfois même rêvées comme son ex-maîtresse new-yorkaise Rosalie qui lutte contre un cancer, une jeune étudiante dépressive retrouvée ou fantasmée, une mystérieuse espionne (Madalina Constantin). Le décor presqu’unique est celui du bureau de l’écrivain où les amants, qui vivent pleinement chaque instant qui leur est offert dans une grande liberté de parole et un profond respect mutuel, se retrouvent pour faire l’amour, échanger des confidences, se disputer, et parler des heures durant des femmes qui ont traversé la vie de Philip, au cours d’une véritable ronde du désir à laquelle nous invite dès la séquence d’ouverture, en regard caméra, le personnage félin de Léa Seydoux qui habite intensément tout le film. Toutes ces femmes sont belles, dignes et émouvantes, et pour Philip, chacun de ses livres est attaché à une femme qu’il a connue et aimée. Il s’inspire tant de leurs sentiments et de leurs mots pour nourrir son œuvre que sa maîtresse pourra dire: « il n’a pas écrit un seul de ses livres…j’ai écrit les deux derniers ». Si l’appréhension de l’âge, la peur de la maladie et la crainte de la mort obsède l’écrivain, il évoque surtout avec elles les obsessions de Roth - le sexe, l’adultère, les jeux amoureux, l’antisémitisme, la littérature, et les recoins obscurs des vies et des âmes. Oscillant subtilement entre profusion et sobriété, légèreté et noirceur, érotisme et retenue, Tromperie se déguste comme un bonbon délicieux. Cette mise en abyme gigogne -si Philip est bien le double de l’écrivain, l’identification de Desplechin à Roth est également évidente, et Philip/Podalydès est le double de chacun d’eux- est à la fois vertigineuse et capiteuse.
Jean-Michel Zucker
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