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Avec :
Sami Outalbali (Ahmed) ; Zbeida Belhajamor (Farah) ; Diong-Keba Tacu (Saidou) ; Aurélia Petit (Professeure Morel).
Leyla Bouzid a grandi Ă Tunis oĂą elle est nĂ©e en 1984. En 2003, elle part Ă Paris Ă©tudier la littĂ©rature française Ă la Sorbonne puis intègre La FĂ©mis en rĂ©alisation. Elle rĂ©alise son court mĂ©trage de fin d’Ă©tudes, Soubresauts, en 2011 puis Zakaria en 2013. En 2015, son premier long mĂ©trage, Ă€ peine j’ouvre les yeux, est primĂ© Ă la Mostra de Venise puis sĂ©lectionnĂ© dans de nombreux festivals internationaux. Une histoire d’amour et de dĂ©sir est son deuxième long-mĂ©trage.
Résumé :
Il s’agit de la rencontre amoureuse entre deux jeunes Ă©tudiants de la Sorbonne dans un cursus de littĂ©rature poĂ©tique et Ă©rotique arabe. Ahmed est français, vit en banlieue avec ses parents algĂ©riens ayant fui l’AlgĂ©rie pour raisons politiques. Farah, une jeune et impĂ©tueuse Tunisienne, veut devenir journaliste …
Analyse :
Dans ce film, tout en nuances et dĂ©licatesse, qui vient de remporter deux prix au festival du film francophone d’AngoulĂŞme (Meilleur film et Meilleure interprĂ©tation pour Sami Outalbali), Leyla Bouzid aborde la question d’identitĂ©, tant de culture que de « genre », par une variation sophistiquĂ©e autour de la parole et du langage. La langue de communication entre les amoureux (Ahmed ne sait pas parler l’arabe). L’impact des mots si sensuels des poètes arabes mĂ©diĂ©vaux. Et, concernant Ahmed, garrotĂ© par la timiditĂ© et les scrupules moraux, la difficultĂ© Ă exprimer ses sentiments et ses Ă©motions …
Et plan par plan, subtilement, elle nous donne Ă voir ce que la parole ne saurait dire, la distance mouvante qui sĂ©pare le fantasme du rĂ©el, la valse-hĂ©sitation du dĂ©sir, le dĂ©sir rĂ©primĂ©, le dĂ©sir proclamĂ©, le dĂ©sir comme obstacle Ă l’amour, Ă moins qu’il ne s’agisse de son aboutissement mĂŞme.
Avec le parti original de nous ancrer dans les problĂ©matiques et les difficultĂ©s non des filles immigrĂ©es, mais des garçons, confrontĂ©s Ă des modèles de virilitĂ© dĂ©passĂ©s. Loin des clichĂ©s vĂ©hiculĂ©s par des chaĂ®nes de TV Ă l’affĂ»t des dĂ©sordres-qui-font-de-l’audimat, elle nous propose une vision de la banlieue avec des musulmans pas forcĂ©ment islamistes, des filles pas forcĂ©ment soumises, des familles pas forcĂ©ment dysfonctionnelles, des garçons pas forcĂ©ment machos, mais plutĂ´t, comme Ahmed, timides, fragiles et sentimentaux.
Ce n’est pas la moindre qualitĂ© de ce petit bijou qui achevait la Semaine de la Critique Ă Cannes, il y a aussi la justesse parfaite des deux acteurs principaux, Sami Outalbali et Zbeida Belhajamor, la mise en scène Ă la fois empathique et sensible, la puissance bouleversante de la poĂ©sie du Xe siècle et le charme de cette Ă©ducation sentimentale du XXIe.
Nic Diament
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