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Avec :
Tilda Swinton (Jessica Holland) – Jeanne Balibar (Agnès Cerkinsky) – Juan Pablo Urrego (Hernan Bedoya jeune) – Elkin Diaz (Hernan Bedoya âgé).
Né en 1970, Apichaptong Weerasethakul a grandi en Thaïlande, où ses parents étaient médecins, au milieu de la jungle qui l’a fortement influencé. Il a étudié à l'Art Institute de Chicago. A partir de 2000, ses films sont salués par la critique internationale : à Cannes Blissfully Yours reçoit le Prix Un Certain Regard en 2002 et Tropical Malady le Prix du jury en 2004. Syndromes and a Century est à la Mostra de Venise en 2006. En 2010, le réalisateur remporte la Palme d’or à Cannes pour Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures. Ces œuvres très originales mélangent un quotidien banal et une imagerie poétique et onirique et peuvent surprendre le spectateur par leur lenteur et leur mystère.
Résumé :
Jessica cultive des orchidées près de Medellin. Elle va à Bogota rendre visite à sa sœur malade. Mais elle est dérangée dans son sommeil et parfois dans la journée par un bruit étrange, toujours le même, qu’elle est seule à entendre. Elle en parle à un musicien, le jeune Hernan, qui essaie à l’aide d’une banque de sons de reconstituer le bruit qu’elle entend. Puis elle part dans les montagnes avec une archéologue française qui travaille sur des squelettes vieux de 6000 ans découverts lors de la construction d’un tunnel. Là elle rencontre un autre Hernan, plus âgé, qui n’est jamais sorti de son village mais qui se souvient de tout ce qui lui est arrivé dans sa vie. En accédant elle-même à la mémoire d’Hernan, Jessica parviendra peut-être à comprendre l’origine de ce bruit qui la perturbe.
Analyse :
Chaque film d’Apichatpong Weerasethakul est une expérience de cinéma. Pour Memoria, le réalisateur quitte la Thaïlande pour la Colombie mais l’atmosphère entre onirisme et fantastique ressemble à celle de ses précédents films. On y trouve des rêves, des souvenirs, des sorciers indiens qui jettent des sorts, et même une soucoupe volante. Le scénario est ténu et étrange, on ne sait presque rien de Jessica. Le spectateur doit essayer de reconstituer son histoire à partir de minces indices, voire de l’imaginer comme lorsque l’on voit dans la rue des personnes inconnues dont on invente la vie. On est plongé dans de très longs plans fixes, dans des paysages immobiles où seules frémissent quelques herbes. L’image est accompagnée d’une bande son qui débute par un concert violent d’alarmes de voitures mais qui le plus souvent est faite de légers bruits comme celui du ruisseau qui accompagne toute la dernière partie. Dans un studio d’enregistrement à Bogota, Jessica essaye de décrire à Hernan le bruit qu’elle entend : comment expliquer un bruit avec des mots ? Une autre scène, filmée longuement sous plusieurs angles, montre Jessica, dans un village de montagne auprès d’un homme (Hernan âgé) qui prépare des poissons ; une scène banale rendue étrange par les quelques propos échangés. La scène se poursuit dans la maison d’Hernan, où leurs mémoires semblent se confondre et où l’on ne sait plus à qui appartiennent les souvenirs qui refont surface. C’est un cinéma exigeant mais le spectateur est peu à peu envoûté par l’atmosphère et par la silhouette longiligne et le visage pâle de Tilda Swinton qui apparaît comme hantée par ce qu’elle entend intérieurement.
Jacques Champeaux
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