![]() |
PROtestants et FILmophiles |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Avec :
Maya Vanderbeque (Nora), Günter Duret (Abel), Karim Leklou (le père), Laura Verlinden (Madame Agnès, l’institutrice).
Née à Bruxelles en 1984, Laura Wendel se forme à l’IAD (Institut des arts de diffusion) à Louvain-la-Neuve. Par la suite, elle travaille sur plusieurs tournages où, dit-elle, elle a tout fait : décors, costumes, régisseuse. En 2014, elle réalise un court métrage, Les corps étrangers, présenté au Festival de Cannes. Un monde est son premier long métrage. Sélectionné au Festival de Cannes dans la section Un certain regard, il obtient le prix FIPRESCI (Fédération internationale de la presse cinématographique).
Résumé :
Pour Nora, c’est jour d’entrée à l’école primaire. La petite fille compte sur son frère aîné, Abel, pour l’aider dans ses premiers pas dans cet univers nouveau. Las, Nora découvre très vite qu’Abel est le souffre-douleur d’un groupe d’élèves violents. Elle se trouve alors prise dans un conflit de loyauté entre son frère devenu une victime dont on rit et le groupe de ses camarades de classe qu’elle voudrait intégrer à tout prix.
Analyse :
Filmé à hauteur d’enfant, Un monde nous immerge dans l’univers de l’école, au côté de Nora que nous ne quitterons pas de tout le film. C’est à travers son regard, à travers les émotions qui se lisent sur son visage, que nous percevons le monde dans lequel elle est entrée. Dans la plupart des plans, elle occupe quasiment tout le cadre, au point que l’environnement, décor et personnages, demeure flou ; ce qui intensifie le vide du hors champ et l’atmosphère étouffante du film.
Un monde ne peut se réduire à la dénonciation des violences de l’univers scolaire : harcèlement, incompréhension des adultes... Selon la réalisatrice, l’enjeu central du film est la question de la relation à l’autre, de « l’amitié comme émancipation de la famille ». A son entrée à l’école, Nora éprouve une coupure. Plongée brutalement dans le bruit assourdissant de la cour, elle se rend compte qu’elle ne pourra pas compter sur son père, et encore moins sur son frère pour apprivoiser ce monde nouveau. Tout lui semble fait pour accentuer cette coupure : à la cantine, on l’empêche de s’attabler avec son frère ; à la récréation, c’est Abel lui-même qui la rejette par crainte des représailles de ses harceleurs. Nora tente alors de se tourner vers ses camarades de classe. Mais comment gagner l’amitié de celles qui stigmatisent un frère déchu et un père apparemment chômeur ? Nora fait l’expérience douloureuse de son impuissance, impuissance à trouver sa place au milieu des autres, impuissance à protéger efficacement son frère de ses harceleurs (« Quand on aide, ça empire »). Deux adultes sauront se mettre au diapason de cette souffrance. Le premier, professeur d’activités physiques, va amener Nora à se mettre debout, debout pour avancer sur une poutre, debout sur le plongeoir pour s’élancer dans la piscine. La seconde, c’est ‘Madame Agnès’, son institutrice ; laquelle, se pliant à hauteur de la fillette, va l’accompagner (même si « parfois on ne sait pas quoi faire ») jusqu’à ce qu’elle trouve en elle les ressources pour rompre le cercle de violence dans lequel son frère et elle s’étaient enfermés.
Porté par deux jeunes comédiens absolument prodigieux, Un monde est un film que l’on peut juger oppressant, mais qui, paradoxalement, s’avère lumineux.
Yves Ballanger
Autres articles sur ce film
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 390 rue de Font Couverte Bât. 1, 34070 Montpellier |