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Avec :
Charlotte Gainsbourg (Élisabeth), Quito Rayon Richter (Mathias), Noée Abita (Talulah), Megan Northam (Judith), Emmanuelle Béart (Vanda Dorval), Thibaut Vinçon (Hugo), Didier Sandre (Jean) et Laurent Poitrenaux (Manuel).
Mikhaël Hers, diplômé de la Fémis, en 2004, réalise d’abord des courts métrages remarqués Charell (2006), Primrose Hill (2007), et Montparnasse (Prix Jean Vigo). Suivent trois longs métrages : Memory Lane (2010) sur un groupe de jeunes qui se retrouvent dans la ville où ils ont grandi, Ce sentiment de l’été (2016) où Anders Danielsen Lie (révélé par Oslo 31 août) tente de survivre après la mort brutale de sa compagne, et Amanda (2018) où Vincent Lacoste se retrouve en charge de sa nièce de sept ans, orpheline à la suite d’un attentat.
Résumé :
Paris, années 80. Élisabeth, mère au foyer, vient d’être quittée par son mari. Insomniaque, elle trouve un emploi dans une émission de radio de nuit. Elle prend sous son aile, en plus de ses deux ados, Judith, étudiante et Mathias, lycéen et poète en herbe, la jeune Talulah, marginale à la rue.
Analyse :
Le film s’ouvre sur les scènes de liesse le soir du 10 mai 1981 et se termine en 1988. Une chronique familiale qui s’incarne donc avec force dans le temps, celui des années 80, à l’aide de quelques marqueurs (mobylettes, téléphones à cadran, cassettes qu’on rembobine avec un crayon) sans compter les images d’archives qui s’immiscent avec naturel dans le récit.
Mikhaël Hers - et c’est sa marque de fabrique dans ses films précédents comme dans celui-ci - nous offre un cinéma de la douceur et de la sensibilité. Et aussi un cinéma de la bienveillance, par la tendresse qu’il semble éprouver à l’égard de ses personnages, par l’entraide dont ils font preuve entre eux : Vanda, la voix de la nuit, à l’égard de la toute novice Élisabeth ; Élisabeth envers la petite Talulah, adolescente à la dérive.
L’histoire racontée est assez simple, c’est celle de la renaissance d’une femme (et d’une famille) blessée à la suite d’un divorce, mais elle est magnifiée par des personnages touchants et authentiques et un casting parfait. Les acteurs sont tous excellents avec une mention particulière à Charlotte Gainsbourg, magistrale et bouleversante par un jeu tout en retenue, sa gestuelle pleine de grâce et sa voix douce, presque chuchotée par moments.
L’action se situe à Paris qui est plus qu’un simple décor, c’est un Paris idéal, un lieu de rencontres et d’échanges, le symbole d’une époque réputée optimiste et propice aux utopies. On nous le montre de jour, de nuit, les rues, les berges de Seine, les cinémas avec cette irruption bienvenue du film dans le film, Les nuits de la pleine lune que vont voir ensemble les trois jeunes. Sinon les scènes alternent entre le vaste appartement du XVe arrondissement, en plein ciel, inondé de lumière, avec une vue fabuleuse à travers ses énormes baies vitrées, et le studio de radio, feutré, sombre et protecteur comme une grotte, où échouent les voix des noctambules esseulés.
Le réalisateur prend son temps pour nous raconter et nous faire aimer l’histoire et ses personnages, et nous le suivons, à son rythme, sans hâte ni impatience : comme le dit Talulah, spectatrice émerveillée du film de Rohmer : « Parfois on met du temps pour aimer un film ».
Les cadrages soignés, le montage sophistiqué (alternance des formats pour les plans actuels et les images d’archive, surimpressions, fondus, etc.), la musique très présente sans être insistante, concourent au charme un peu mélancolique, un peu nostalgique de ce film attachant.
Nic Diament
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