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Avec :
Celeste Cescutti (Agata) – Ondina Quadri (Lynx).
Laura Samani est née en 1989 à Trieste. Après un diplôme en philosophie et littérature à l’université de Pise, elle poursuit une formation en réalisation au Centro Sperimentale di Cinematographia de Rome. Son court métrage de fin d’études, The Sleeping Saint, est sélectionné à la Cinéfondation de Cannes en 2016. Piccolo corpo est son premier long métrage. Il a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes en 2021.
Résumé :
En Italie, en 1900, Agata vit dans un pauvre village de pêcheurs. Elle accouche d'un enfant mort-né, son premier enfant, une fille, et ne peut se résoudre à l’idée que l'âme du bébé soit condamnée à errer dans les limbes. Elle apprend qu’il existerait un sanctuaire dans la montagne où son enfant pourrait être ramené à la vie, le temps d’un souffle, pour qu’il puisse être baptisé. Elle se lance dans un long voyage à la recherche du miracle.
Analyse :
Ce premier film de la réalisatrice italienne Laura Samani est un film sur le deuil et la foi, la mort et la résurrection. Agata apprend, dans cette Italie très catholique du début du 20ème siècle, qu'elle ne retrouvera pas, même après sa mort, son enfant privé de paradis. Elle met tout son espoir dans l'attente du miracle possible dont elle a entendu parler. Et elle part, elle abandonne tout, son mari, sa famille, avec pour seul bagage la petite caisse en bois où repose le corps de son bébé. Sa douleur et sa foi la font avancer, c’est le « Viens et suis moi » du Christ. Son mari ne peut la suivre dans cette folle espérance, il est trop rationnel, elle part donc seule, sans argent, sans soutien, se confiant à la Providence.
Le film la suit dans son voyage semé d’embûches et d’épreuves : des brigands qu’elle rencontre en chemin, des paysans qui veulent la vendre comme nourrice à des gens riches, des forêts où l’on progresse difficilement, des vieilles, un peu sorcières, qui soignent Agata mais lui prennent ses cheveux. Elle est accompagnée dans son périple par un personnage étrange, nommé Lynx, guide dont l’identité et les motivations sont pleines de mystères. Leur odyssée les fera descendre symboliquement aux Enfers lorsqu’ils traverseront une mine de charbon pour déboucher de l’autre côté de la montagne dans la lumière froide des cimes. Dans cette très belle scène en clair-obscur, Agata rassurera Lynx en lui parlant de la mer, qu’il n’a jamais vue. Ce récit initiatique se déroule dans des paysages grandioses et oppressants, à travers des scènes hiératiques comme cette cérémonie rituelle qui ouvre le film où les femmes du village accompagnent Agata enceinte sur la plage. Le film est parlé en dialectes locaux et traité en son naturel avec parfois des chants traditionnels a cappella qui ajoutent à la poésie de l’image. On pense aux premiers films des frères Taviani ou, plus récemment, à certains films d’Alice Rohrwacher. Ce film original, souvent mystérieux, qui allie réalisme et poésie, nous touche malgré le décalage des civilisations.
Jacques Champeaux
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