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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Claire Simon. Lumière : Céline Bozon. Décors : Daniel Bevan. Son : Virgile Van Ginneken. Montage image : Julien Lacheray. Montage son : Valérie Deloof. Musique originale : Nicolas Repac. Dessins originaux : Judith Fraggi. Production : Les Films de l’Après-Midi. Distribution : Dulac distribution.

Avec :
Swann Arlaud : Yann Andréa - Emmanuelle Devos : Michèle Manceaux - Christophe Paou : l’ami de Michèle Manceaux - Philippe Minyana : L’amant du bois.

Vous ne désirez que moi

France, 2022, 95min.

Réalisation : Claire Simon

Biographie :

Autodidacte, elle débute dans le cinéma par le montage, tourne quelques courts métrages et apprend le cinéma direct aux Ateliers Varan. En 1997 Sinon, oui est son 1er long métrage de fiction. Depuis elle alterne films documentaires et fictions, essayant dans son travail documentaire de « trouver des situations de fiction », filmant les autres comme les héros de leur vie. Elle a enseigné à Paris 7 et Paris 8 et dirigé le département réalisation à la Fémis.

Résumé :

Compagnon de Marguerite Duras depuis deux ans, Yann Andréa éprouve le besoin de parler: sa relation passionnelle avec l’écrivaine ne lui laisse plus aucune liberté, il doit mettre les mots sur ce qui l’enchante et le torture. Il demande à une amie journaliste de l’interviewer pour y voir plus clair. Il va décrire, avec lucidité et sincérité, la complexité de son histoire, leur amour et les injonctions auxquelles il est soumis, celles que les femmes endurent depuis des millénaires.

Analyse :

Quelle singulière et improbable histoire que celle de Yann Lemée qui, jeune étudiant en philosophie à Caen au milieu des années 1970, ressent comme un coup de foudre sa lecture des Petits Chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras, au point de ne plus lire désormais que ses oeuvres ! Il la rencontre lors de la projection du film India Song et lui écrit pendant 5 ans des lettres qui restent sans réponse. Invité par elle en 1980, il ne quittera plus cette femme de 40 ans son aînée. Le film s’origine dans la fascination exercée sur la réalisatrice par la force des confessions passionnées et douloureuses de Yann à la journaliste amie de Duras, Michèle Manceaux - Je voudrais parler de Duras, entretiens de 1982 publiés à titre posthume en 2016. Persuadée que « la conversation peut être une scène de cinéma », Claire Simon donne toute sa place à l’écoute attentive de cette journaliste qui a répondu à un appel au secours de Yann Andréa, nouveau patronyme imposé par Marguerite. Les entretiens sont filmés en un seul plan séquence à chaque fois pour que tout soit vrai en temps réel. Ce qui frappe dès lors c’est le contraste entre l’amour fou que Yann porte à Marguerite et la façon dont elle le maltraite, critiquant ce qu’il mange, comment il s’habille, ou qui il fréquente. Leurs conceptions de l’amour ne coÏncident décidément pas et cet homme, ouvertement homosexuel -ce qu’elle ne veut pas savoir, d’où le titre du film- sacrifie sa personnalité, son existence propre et jusqu’à son estime de soi sur l’autel de sa passion. C’est sans doute la puissance créatrice de l’immense écrivaine qui inspire à ce jeune homme, hanté lui-même par la littérature, cette passion hors normes qui le livre sans défense à l’emprise d’une femme dominatrice. Cette histoire d’amour et de pouvoir est d’une telle complexité que le spectateur reste suspendu aux lèvres de l’acteur, Swann Arlaud, qui, profondément complice de la faiblesse du personnage qu’il incarne, dit ce texte avec une intelligence, une humilité et une sincérité confondantes. Ce Yann Andréa démuni, égaré, subjugué, douloureux mais lucide est véritablement devant nous. Dans le hors champ Duras reste toute puissante, grâce à des images d’archives -notamment celle où elle le dirige sur le tournage d’Agatha et les lectures illimitées- ou par le harcèlement du téléphone. Enfin la dimension sexuelle de leur relation est clairement mais pudiquement évoquée à travers des dessins où l’on reconnait leurs corps et leurs visages.

Jean-Michel Zucker

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