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Avec :
Marion Barbeau (Elise Gauthier) - Hofesh Shechter (lui-même) - Denis Podalydès (Henri Gauthier, père d’Elise) - Muriel Robin (Josiane).
Cédric Klapisch, cinéaste de 60 ans, est révélé par des films à petit budget, Le péril jeune en 1994, puis Chacun cherche son chat en 1996, et surtout Un air de famille en 1996, adapté d’une pièce homonyme de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. Il connait un grand succès avec sa trilogie sur les aventures de Xavier Rousseau interprété par son acteur fétiche, Romain Duris, L’Auberge espagnole, Les Poupées russes, et Casse-tête chinois, réalisés entre 2002 et 2013. Il a toujours aimé la danse et les ballets : il a consacré un très beau documentaire à la danseuse étoile Aurélie Dupont .
Résumé :
Elise Gauthier, 26 ans, est première danseuse à l’Opéra de Paris. Lors d’une représentation, elle se blesse gravement la cheville et apprend qu’elle ne pourra plus danser pendant longtemps. C’est un choc terrible. Elise va se battre.
Analyse :
C’est un film qui fait un bien fou ! La preuve : la salle a applaudi quand le noir est revenu ! on voit ça en festival, mais il est vrai rarement en salle. Si vous appartenez à ceux qui aiment la danse, précipitez vous : l’immersion est immédiate et le spectacle magnifique, parce que Cédric Klapisch nous fait deux cadeaux : l’un a pour nom Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris et l’autre est le grand chorégraphe israélien, Hofesh Shechter, qui, il y a 4 semaines encore, présentait un ballet de danse contemporaine à l’Opéra de Paris, où dansait justement Marion Barbeau.
C’est un film construit autour de la danse, la danse classique et la danse contemporaine. Le film s’ouvre sur un ballet de Noureev, La Bayadère. Surgit un nuage de ballerines, légères comme des hirondelles, touchant à peine terre sur leurs pointes de satin, un monde aérien, éthéré, dans la maîtrise absolue de chaque mouvement. Quant à l’étoile Marion/Elise, elle est lumineuse, bouleversante de grâce.
Mais alors le film bascule : Elise, gravement blessée à la cheville apprend qu’elle ne pourra pas danser avant au moins 2 ans ; sa carrière est brisée. C’est là que Klapisch intervient, avec son humanité, sa générosité : il nous donne à voir, non pas une victime, mais un personnage qui résiste. Elise va s’acharner, se dresser contre le mauvais sort, entre autre faire la sourde oreille à son père qui lui dit « je t’avais bien dit de faire du droit ! ».
Et alors qu’elle se retrouve aide-cuisinière intérim dans une résidence d’artistes en Bretagne, elle découvre une compagnie de danse contemporaine, dont le chorégraphe est Hofesh Shechter en personne. C’est une danse terrienne, arrimée au sol, portée par une musique percutante, d’une beauté brutale. Elise va se risquer à danser avec eux cette danse nouvelle qui lui donne la rage de vivre. Klapisch qui, on le sait, vénère Pina Bausch, la cite à ce propos : à l’une de ses danseuses qui s’était blessée, elle avait dit : « tu peux danser autrement ». Ces paroles de vie sont le fondement même du film : ils en font un film grand public de haut niveau. Par ailleurs, les comédiens y sont parfaitement dirigés. Il faut souligner la sidérante justesse de Denis Podalydes dans le rôle du père, bloqué dans une sorte de froideur austère, puis débordé par l’émotion, et tout autant l’humanité de Muriel Robin en hôtesse généreuse et chaleureuse dans sa résidence d’artistes de Bretagne. Ce « tu peux danser autrement », c’est un acte de foi et de courage qui irrigue ce beau film d’un bout à l’autre.
Françoise Lods
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