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Fiche technique :
Réalisation : Koji Fukada, co-scénariste avec Mitani Shintaro ; image : Kosuke Haruki ; montage : Zensuke Hori ; musique : Hara Yuki ; distribution France : Art House.

Avec :
Win Morisaki (Tsuji Kazumichi), Kaho Tsuchimura (Hayama Ukiyo), Shôhei Uno (Hayama Tadashi), Kei Ishibashi (Hosokawa Naoko), Akari Fukunaga (Fujitani Minako).

Fuis-moi, je te suis

Japon, 2022, 124min.

Réalisation : Kôji Fukada

Biographie :

Koji Fukada, réalisateur japonais (°1980), forme avec Ryûsuke Hamaguchi (Drive My Car) et Katsuya Tomita (Bangkok Nites) une nouvelle génération après le règne des '4 K' (N. Kawase, T. Kitano, H. Kore-eda et K. Kurosawa). Après ses études de cinéma à Tokyo, il réalise depuis 2010 six longs métrages (Hospitalité, Au revoir l'été, Sayonara, L'harmonium, Le soupir des vaques, L'infirmière) où psychologie et analyse sociale prennent des voies variées.

Résumé :

A partir du manga Honki no Shirushi de Mochiru Hoshisato, Fukada a d'abord réalisé une série télévisée (10 épisodes) puis le film The Real Thing (3h48min), distribué en France en deux moitiés aux titres opposés, Suis-moi je te fuis et Fuis-moi je te suis. Tsuji, petit employé, vit une vie monotone, lorsqu'il croise le chemin d'Ukiyo ('Ephémère') qui par maladresse se jette dans des ennuis incessants. Tsuji s'évertue à la dépanner chaque fois, pour la voir disparaître jusqu'à la prochaine rencontre et sauvetage. Dans le second volet du diptyque, il s'est décidé, en vain, à faire sa vie sans elle.

Analyse :

On peut suivre trois pistes dans ce puzzle aux pièces soigneusement découpées. La première est psychologique, à essayer de déchiffrer les aspirations des protagonistes et leur réaction aux obstacles qui les entravent. Aspirations bien camouflées, car l'inconstance et l'incertitude habitent Ukiyo dont le passé, révélé par bribes brouillées, s'avère bien compliqué. Quant à Tsuji, un altruisme sympathique autant que spontané semble l'envahir irrésistiblement face aux mésaventures d'Ukiyo... diversion bienvenue à la vacuité de l'existence qu'il mène entre temps. Peut-être aussi l'imprévisibilité d'Ukiyo tranche-t-elle avec le conformisme caricatural des deux autres partenaires de Tsuji, Hosokawa plus mûre et Minako immature, qui l'encadrent dans la hiérarchie de la boutique où tous trois sont employés.

Une seconde piste est celle du tableau de la société nippone qui émerge de ces aventures. Étriqué est l'adjectif qui s'impose, comme le manifestent d'abord les locaux dans lesquels évoluent nos héros – petits placards encombrés de cartons, couloirs étroits, portes derrière lesquelles se glisser – et comme le confirment les activités routinières qui occupent leur existence. Jusqu'aux redoutables yakuzas qui surgissent dans le paysage, mais dans un style d'employés du gaz venant relever le compteur, plutôt que comme terreurs hors-la-loi dont on peut tout craindre. Le débarquement impromptu d'un mari oublié, et complètement passif, relève de ces désamorçages immédiats de ce qui pourrait agiter l'existence.

Dernière dimension, celle d'un destin capricieux et indéchiffrable. Les événements n'ont ni logique ni nécessité ; Fukada est réputé pour faire surgir inopinément personnages et péripéties dans le cours de ses récits, mais ici cette navigation à vue, sans perspective ni horizon, est plus déroutante qu'intrigante. Si le scénario est donc plutôt ardu, le jeu des acteurs et la cinématographie soignée méritent d'être soulignés. Le découpage en deux parties, apparemment réservé aux pauvres spectateurs francophones, milite, pour qui veut voir la seconde (vivement conseillé), à le faire dès que possible, afin de rétablir au mieux la continuité du récit et des sentiments.

Jacques Vercueil

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