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Avec :
Michelle Williams (Lizzie), Hong Chau (Jo), John Magaro (Sean), Judd Hirsch (Bill, le père).
Kelly Reichardt, 59 ans, est une réalisatrice, scénariste et monteuse américaine qui brille au firmament du cinéma indépendant américain. Showing up est son 8e long-métrage, sélectionné au Festival de Cannes en 2022. En 2020 First Cow remporte le Prix du Jury au festival de cinéma américain de Deauville. En 2021 le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective intégrale. Cinéaste de la sobriété et de l’épure, elle se révèle « essentielle pour aujourd’hui et pour demain » selon la formule de Jean-Michel Frodon.
Résumé :
C’est l’histoire de Lizzie, jeune plasticienne américaine à la veille du vernissage de son exposition. Lizzie rêve de trouver la concentration nécessaire pour mettre la dernière main à ses fragiles statuettes d’argile mais une kyrielle de contre temps va l’en empêcher : un chat, un pigeon, des coups de téléphone, ses parents, son frère et le temps qui file.
Analyse :
C’est un film sobre dont l’intrigue tient en quelques mots, on pourrait dire à un je ne sais quoi presque rien pour citer le philosophe. Un film qui a la délicatesse d’une aquarelle, comme celles que l’on voit défiler à l’écran : ces esquisses colorées de femmes dansantes, aériennes, et qui vont devenir de fragiles statuettes d’argile sous les mains de Lizzie.
Showing up est un film d’argile et de pastel, un film de fragilité et de brisure qui nous fait approcher le quotidien de Lizzie dont nous ne savons rien sinon qu’elle est à quelques semaines du vernissage de son exposition. Chaussée de crocs et protégée d’un vaste tablier, Lizzie cherche vainement à s’installer dans son atelier pour y travailler mais elle en est empêchée par un mur de contrariétés qui lui prennent tout son temps. A commencer par son chat qui n’hésite pas à se jeter sur un pigeon pour le dévorer. L’oiseau, pivot du film, va s’en tirer par miracle grâce à la voisine de Lizzie, Jo, sa logeuse, artiste elle aussi et concernée par la prochaine exposition : elle n’a pas le temps de changer le ballon d’eau chaude de Lizzie qui rêve de prendre une douche.
Lizzie parle peu. Elle est très seule. On la sent tendue, stressée à l’approche de son vernissage. Elle finit par s’attacher à ce pigeon blessé dont elle a la garde bien malgré elle et qui est un peu son double : il souffrirait de stress, prétend le vétérinaire ! Alors Lizzie soigne le pigeon. Lizzie recolle délicatement le bras cassé de l’une de ses statuettes, peut-être son double là aussi, mais Lizzie n’a personne pour la soigner, pour la recoller quand elle doit faire face à sa mère, directrice autoritaire de l’école d’art où elle travaille, à son père qui vit trop seul, à Sean son frère psychotique qu’elle aime tellement et qu’elle ne peut pas soigner. Lizzie est fragile et battante. Ses rêves, elle les a peut-être déposés dans ses statuettes, gracieuses et colorées, certes à la merci d’une cuisson ratée, mais aussi porteuses de vie, de légèreté.
Showing up est passé inaperçu au festival de Cannes 2022. Peut-être n’est-ce pas un film de festival : pour ce genre de film, il faut être complètement disponible, attentif, ouvert à l’inattendu. Il faut se laisser porter par les images et converser avec elles pour qu’elles délivrent tout leur sens. C’est un film subtil qui explore le labyrinthe de notre vie intérieure quand celle-ci est par trop bousculée par les impondérables venus du dehors
Françoise Lods
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