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Avec :
Marina Foïs (Olga), Denis Ménochet (Antoine), Luis Zahera (Xan), Diego Anido (Lorenzo), Marie Colomb (Marie).
Rodrigo Sorogoyen (Madrid, 1981) étudia le cinéma dans cette ville (ECAM) et réalisa son premier long-métrage en 2013. Il est scénariste de tous ses films, en tandem avec Isabel Peña. Tous ses films avaient été nommés ou primés aux Goya, la récompense nationale en Espagne : Stockholm (2013), Dios nos perdone (2017), El Reino (2019, 32 prix), Madre (2020). As Bestas fut sélectionné pour la compétition officielle au festival de Cannes.
Résumé :
Au milieu de leur vie, un couple de Français a choisi de s'installer dans une région montagneuse et pauvre d'Espagne pour y vivre 'en harmonie avec la nature' et contribuer à revitaliser la zone. Un projet d'éoliennes auquel ils s'opposent les met en conflit irréconciliable avec des paysans autochtones.
Analyse :
Le récit se déroule tout entier dans les monts de Galice, dont l'isolement et la pauvreté forment contexte. Des scènes sauvages et rituelles de capture de chevaux, troupeau de bêtes libres et hommes aux mains nues, force contre force, créent une ambiance primitive qui ne se démentira pas. Un couple de Français, étrangers soupçonnés de se croire supérieurs, aisés, réfléchis, est venu là vivre une nouvelle vie : maraîchage vendu au marché local, retapage de maisons abandonnées... Sur les pentes voisines, une forêt de superbes châtaigniers, plantation plus que centenaire, témoigne de l'acharnement ancestral de la population à vouloir subsister là, misérablement, de ce 'pain des pauvres'.
Incongrue, une batterie d'éoliennes domine la crête, créant l'occasion d'un affrontement : car là où les nouveaux venus mieux informés ne voient qu'habileté du capitalisme à faire rendre profit à la moindre ressource, pour les paysans les redevances attendues de cette nouveauté sont une promesse inespérée de sortir de l'éternelle précarité. Mais les Français ont voté contre, le rêve va se briser, et une des premières scènes, apéro dans la bodega locale, met face à face Antoine et son coriace voisin Xan, dans une confrontation de plus en plus aiguë qui animera la totalité du film.
Celui-ci est remarquable à plus d'un titre. La cinématographie de cette région, sans rechercher les images spectaculaires, exprime avec simplicité sa beauté et son âpreté, qu'il s'agisse de vues locales ou de vastes paysages. Le jeu des acteurs, dans un registre qui évolue de la retenue à l'explosion, exprime de façon convaincante les émotions des personnages et suscite avec force celles des spectatrices et spectateurs : Denis Menochet, dont le style de rugbyman rugueux rappelle les qualités d'un Lino Ventura, affronte un inquiétant Luis Zahera, peu connu chez nous mais bien en Espagne, et leur duo suffit à qualifier le film dans la catégorie des 'angoisseurs' ; Marina Foïs habite d'une très forte présence toute la seconde partie. Le rythme des épisodes et des événements est nerveux et soutient efficacement l'intérêt pour ce qui va advenir. Tout au plus ai-je trouvé que la partition du film en deux moitiés, certes logiquement enchaînées par la chronologie et la continuité dramaturgique, cause néanmoins une rupture marquée au sein du récit.
Jacques Vercueil
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