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JosĂ© Luis LĂłpez-Linares, nĂ© en 1955, est un directeur de la photographie, rĂ©alisateur et producteur espagnol. Il a commencĂ© sa carrière au cinĂ©ma comme directeur de la photographie avec de nombreux metteurs en scène, dont Carlos Saura. Il a rĂ©alisĂ© une dizaine de documentaires et est un ami de longue date de Jean-Claude Carrière. Il s’est intĂ©ressĂ© Ă la peinture, Le mystère de JĂ©rome Bosch (2016), Goya, Le sommeil de la raison (2019) et au cinĂ©ma, A propĂłsito de Buñuel (2000).
Résumé :
Amoureux des arts et fin connaisseur de Goya, Jean-Claude Carrière nous guide dans son œuvre incomparable et nous montre à quel point l'œuvre de Goya est influente.
Analyse :
C’est un film très Ă©mouvant, nous qui savons que c’est le dernier voyage de Jean-Claude Carrière vers l’Espagne pour nous faire dĂ©couvrir Goya qui l’a hantĂ© toute sa vie (il est mort en fĂ©vrier 2021, quelques mois après le tournage). On retrouve sa voie grave, son phrasĂ© si particulier, son Ĺ“il plein de malice et d’intelligence. On l’accompagne dans les musĂ©es, les chapelles aux murs et plafonds entièrement peints par Goya, dans le village et la maison natale du peintre de la fin du XVIIIè siècle. On a beau connaĂ®tre ses Ĺ“uvres, les dĂ©couvrir avec le regard de Jean-Claude Carrière est un vrai bonheur pour l’intelligence et l’esprit. Il fait le parallèle entre Buñuel dont il a Ă©tĂ© l’ami et le scĂ©nariste pendant plus de trente ans, et le peintre, tous deux Aragonais qui finirent leur vie totalement sourds. Avec son immense culture et sa curiositĂ© toujours aiguisĂ©e, il nous prĂ©sente de manière assez complète l’Ĺ“uvre du peintre : les tableaux, des grands de la Cour comme du petit peuple, de nombreuses gravures, des lithographies, des dessins, des fresques. En fin connaisseur il nous fait rĂ©aliser Ă quel point la crĂ©ation du peintre est d’une extraordinaire diversitĂ©. Des personnages calmes et enrubannĂ©s aux gens du peuple dans leur misère, leurs souffrances et leur petite condition, aux malheurs de la guerre. Son goĂ»t Ă©galement pour le rĂŞve, voire le cauchemar avec des scènes terrifiantes qui prĂ©figurent ce que sera le surrĂ©alisme et dont Buñuel a bien pu s’inspirer.
Un moment particulièrement Ă©mouvant lorsque devant les deux tableaux de la Maja nue et la Maja habillĂ©e, il dialogue avec elle. Le regard lascif de la jeune femme semble lui dire « Qu’est-ce que tu attends ? ». Une vieille connaissance qu’il a rencontrĂ©e quand il Ă©tait jeune homme, il y a donc dĂ©jĂ longtemps. Lui a vieilli, mais elle, par la magie de l’art, est restĂ©e jeune. On le voit lui parler avec nostalgie, comme s’il savait que c’est la dernière fois. Un adieu sensible et dĂ©chirant.
Laissez-vous aller avec ce guide exceptionnel, gĂ©nĂ©reux, souriant, malicieux, plein d’esprit, qui vous fera entrer dans l’Ĺ“uvre d’un grand peintre, qui vous la fera dĂ©couvrir autrement, mĂŞme si vous la connaissez parfaitement. Un grand moment d’intelligence et de culture.
Marie-Jeanne Campana
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