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Fiche technique :
Réalisation : Alice Diop – Scénario : Amrita David, Alice Diop et Marie Ndiaye – Directrice de la photographie : Tudor Vladimir Panduru – Montage : Amrita David – Ingénieurs du son : Dana Farzanehpour, Josefina Rodriguez, Lucile Demarquet, Emmanuel Croset – Décors : Anna Le Mouel – Costumes : Annie Melza Tiburce – Distribution France : Les Films du Losange.

Avec :
Kayije Kagame (Rama), Guslagie Malanda (Laurence Coly), Valérie Dréville (la juge), Aurélia Petit : (Maître Vaudenay), Xavier Maly (Luc Dumontet), Robert Cantarella (l'avocat général), Salimata Kamate (Odile Diatta), Thomas de Pourquery (Adrien), Adama Diallo Tamba (la mère de Rama).

Saint Omer

France, 2022, 122min.

Réalisation : Alice Diop

Biographie :

Fille de parents sénégalais, Alice Diop, née en 1979 à Aulnay-sous-Bois, y a vécu dix ans, dans la Cité des 3000. Après des études d'histoire, puis un DESS de sociologie visuelle à l'université d'Évry, elle devient réalisatrice documentariste. Parmi ses documentaires :La mort de Danton (2011), La permanence (2016), Vers la tendresse (2016, César du meilleur court métrage 2017), Nous (2021). Saint Omer est son premier long métrage de fiction récompensé, en 2022, par le Grand prix et prix du premier film à La Mostra Venise ; ainsi que par les prix Jean Vigo et Louis Delluc.

Résumé :

Rama, romancière, assiste au procès de Laurence Coly aux assises de Saint-Omer. Celle-ci est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage du nord de la France, au moment où la marée montait. De cette histoire, Rama voudrait écrire une adaptation contemporaine du mythe antique de Médée. Mais au cours du procès, rien ne se passe comme prévu. C’est finalement son propre rapport à la maternité que le huis clos du procès vient questionner.

Analyse :

A l’origine de Saint Omer, il y a l’histoire réelle d’une mère infanticide qui « fascine » Alice Diop ; laquelle « poussée par une identification inavouable », décide d’assister au procès de la meurtrière. Cette pulsion identificatoire est au cœur du film. C’est à travers le regard hypnotisé de Rama que le spectateur perçoit Laurence Coly. Le déroulement du procès est scandé en cinq actes entrecoupés de séquences centrées sur Rama. Comme au théâtre, chaque acte représente une phase du drame. Dans les deux premières, exposition et montée en tension, Rama enregistre le parcours de Laurence jusqu’à son accouchement. Enceinte, l’écrivaine est alors projetée dans les angoisses de la maternité et, avec la rencontre de la mère de Laurence, renvoyée à son enfance auprès d’une mère incompréhensive. Le troisième acte culmine dans un double jeu de miroir. Alors qu’il est question d’affabulation, de culture originelle, de sorcellerie, le regard de Laurence, jusqu’alors tourné vers les autres acteurs du procès (juge, avocats…) happe celui de Rama. Décontenancée, celle-ci ne peut retenir ses larmes, brisant ainsi l’effet miroir dans lequel elle s’était laissée entraîner. A cette scène, fait contrepoint celle où Rama, adolescente habillée en jean et blouson vient s’asseoir au côté de sa mère vêtue à l’africaine et parée de ses bijoux et où toutes les deux se défient du regard devant un miroir. Tandis que le procès s’achève avec le récit à la tonalité « durassienne » du meurtre par Laurence et la plaidoirie de l’avocate de la défense, Rama fait retour au « réel », le réel de la tendresse de son compagnon, mais aussi le réel du lien à sa mère à qui elle peut enfin donner la main. Si Laurence Coly est à première vue le portrait central de la galerie picturale qu’est le film d’Alice Diop, Rama est l’ombre portée de la réalisatrice qui, avec son passage du documentaire à la fiction, nous interroge sur la « sublimation du réel » chère à Marguerite Duras et illustrée par les extraits des films « Hiroshima mon amour » (Alain Resnais) et « Médée » (Pier-Paolo Pasolini).

Yves Ballanger

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  • Emission Champ Contrechamp du 27 décembre2022 Jean Lods et Françoise Lods, Jean-Michel Zucker, Jacques Champeaux,


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