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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Jafar Panahi - directeur de la photographie : Amin Jafari - chef monteur : Amir Etminan - ingénieur du son : Mohamed-Rrez Delpak - production : JP Production - distributeur : ARP Sélection.

Avec :
Jafar Panahi (lui-même) - Naser Hashemi (le maire du village ) - Vahid Mobasheri (Ghanbar) - Bakhtiyar Panjeei (Bakhtiar) - Mina Kavani (Zara) - Reza Heydari (Reza).

Aucun ours

Iran, 2022, 107min.

Réalisation : Jafar Panahi

Biographie :

Jafar Panahi, né en 1960 à Téhéran, a été l’assistant d’Abbas Kiarostami pour Au travers des oliviers et a réalisé son premier film en 1995, Le ballon blanc (Caméra d’or à Cannes). Depuis, il a accumulé les plus hautes récompenses en Europe: Lion d’or à Venise en 2000 pour Le cercle, Ours d’or à Berlin en 2015 pour Taxi Téhéran, Prix du scénario à Cannes en 2018 pour Trois femmes et Prix spécial du jury à la Mostra de Venise pour Aucun ours. Des prix qu’il n’a jamais pu recevoir en personne car son engagement politique lui vaut depuis 2010 de multiples attaques du pouvoir: assignation à résidence, interdiction de faire des films et, en juillet 2022, incarcération pour une peine de 6 ans de prison.

Résumé :

Un réalisateur s’installe dans un village iranien proche de la frontière pour diriger un film tourné dans une ville turque de l’autre côté de cette frontière. Le film tourné est censé se passer en Iran et met en scène un couple qui cherche désespérément à passer la frontière et à se procurer des passeports pour s’exiler en Europe. Dans le village où le réalisateur habite, il prend par hasard une photo d’un couple d’amoureux, ce qui va déclencher tout un drame.

Analyse :

Quel cri désespéré que ce nouveau film de Jafar Panahi! Et quelle oeuvre cinématographique magistrale ! Sur le fond, Panahi nous montre une société iranienne invivable, étouffée aussi bien par un pouvoir répressif que par des coutumes d’un autre âge qui, dans les villages, continuent à organiser les mariages à la naissance des petites filles. Une société que les jeunes ne peuvent que vouloir fuir, au péril de leur vie. Et aussi une société corrompue où le chemin des contrebandiers est sans risque parce que parfaitement toléré par les autorités locales, mais le chemin des passeurs qui conduit à l’exil est beaucoup plus dangereux. La scène de nuit où le réalisateur s’arrête sur la ligne de la frontière en regardant au loin la ville turque illuminée, la terre promise des exilés, est particulièrement émouvante, l’exil pouvant être pour lui-même une tentation.

Sur la forme, Jafar Panahi reprend en partie la construction du film d’Abbas Kiarostami, Au travers des oliviers, dans lequel il était assistant du réalisateur, c’est-à-dire celle d’un film dans le film : un réalisateur qui fait un film dans un village de montagne iranien. Mais il développe l’idée dans une mise en abime vertigineuse entre fiction et réalité. Le spectateur se trouve devant trois histoires qui s’entremêlent : les scènes du film qui est tourné, la vie du couple d’acteurs qui jouent le couple dans le film mais qui sont aussi un couple « à la ville » et qui jouent en partie leur propre histoire et les embrouilles du village où loge le réalisateur qui tourneront du vaudeville au drame. La présence de Panahi dans son propre rôle rend l’histoire encore plus troublante pour le spectateur, on en arrive à oublier que c’est une fiction et à prendre pour réalité les drames humains qui se déroulent sous nos yeux. Et contrairement à Kiarostami qui terminait son film sur un message d’espoir (après le tremblement de terre, la vie continue), le message est désespéré : la seule issue semble la mort. Ce constat terrible est d’autant plus poignant qu’il s’accompagne d’un questionnement sur les effets collatéraux de son engagement : dans les deux drames qui se jouent, c’est le réalisateur joué par Panahi qui est, sans le vouloir, la cause déclenchante.

Jacques Champeaux

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