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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Ali Asgari – Distributeur : Bodega Films.

Avec :
Sadaf Asgari (Fereshteh), Ghazal Shojael (Atefeh) Babak Karimi (Mahmoudi).

Juste une nuit

Iran, 2022, 86min.

Réalisation : Ali Asgari

Biographie :

Ali Asgari est un jeune réalisateur de 40 ans, vivant à Téhéran. En 2022 il a été sélectionné sur la Croisette avec ses courts métrages. Juste une nuit a été présenté au festival de Berlin la même année. Il tourne depuis 10 ans et résiste à une censure de plus en plus incontournable. Il a décidé de rester en Iran.

Résumé :

C’est l’histoire de Fereshteh, étudiante à Téhéran, et maman d’une toute petite fille d’à peine deux mois, née hors mariage. C’est l’histoire d’une course contre la montre pour dissimuler l’existence du bébé aux parents qui s’invitent à dormir chez leur fille pour le soir même : personne ne doit savoir. Aidée de son amie Atefeh, Fereshteh cherche désespérément un baby sitter à qui confier son bébé juste pour une nuit. Mais la peur sévit : la loi islamique est implacable et toutes les portes se ferment devant les deux jeunes femmes. Que faire ?

Analyse :

Voilà un film qui tombe à pic, alors que le monde occidental a les yeux rivés depuis le 16 septembre dernier sur le soulèvement de la jeunesse iranienne, hommes et femmes confondus, après le meurtre de la jeune Mahsa Amini par les sbires de la Police des Mœurs, pour cause de voile mal posé : une mèche dépassait. Ali Asgari a tourné ce film plus d’un an avant ce tragique évènement comme un hommage au courage des femmes de la jeune génération, celles qui aujourd’hui descendent dans la rue, au risque de leur vie. A sa façon Ali Asgari se joint au cri des manifestantes : « les femmes, la vie, la liberté ».

 Il nous montre Fereshteh, son bébé dans les bras, et Atefeh qui s’épuisent à arpenter les rues de la ville, à la recherche d’une bonne âme qui garderait ce bébé né hors la loi, mais les bonnes âmes, tétanisées par la loi islamique, ne courent pas les rues. Certes un copain de fac serait prêt à héberger le bébé mais sa femme lui oppose un refus sec et net : trop peur. Quant au jeune père, lui aussi ne veut rien entendre : trop peur, il avait bien dit à son amie d’avorter. Le pire est la veulerie répugnante du directeur de l’hôpital où échouent à la nuit tombée, la mère et l’enfant : il accepterait à la rigueur de prendre ce risque, mais en échange d’une petite compensation…voir le visage décomposé de Fereshteh, tandis que la caméra cadre le gros homme en dessous de la ceinture. Surgit enfin un ambulancier charitable et courageux qui prête main forte aux jeunes femmes épuisées.

 Leur course est filmée caméra à l’épaule : la tension est constante, Asgari joue avec nos nerfs, tantôt en nous soumettant à un rythme effréné, tantôt en nous faisant vivre le temps long nécessaire à la jeune mère pour prendre sa décision. La toute dernière image est de celles qui nous habitent longtemps.

Il va falloir compter avec ce jeune réalisateur : il a du talent. Il appartient déjà à la famille des grands cinéastes iraniens que nous aimons : Mohsen Makhmalbaf, Abbas Kiarostami, Asghar Farhadi, Mohammad Rasoulof, Jafar Panahi, ces deux derniers étant emprisonnés à Téhéran pour des années. Hommage leur soit rendu.

Françoise Lods

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  • Emission Champ Contrechamp du 27 décembre2022 Jean Lods et Françoise Lods, Jean-Michel Zucker, Jacques Champeaux,


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