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Avec :
Ralph Fiennes, Christina Brucato et Hong Chau (le Chef Slowik, Katherine sa sous-cheffe et Elsa la maître d'hôtel), Nicholas Hoult et Anya Taylor-Joy (Tyler et Margot), Janet McTeer et Paul Adelstein (Lillian la critique gastronomique et Ted l'éditeur qui l'accompagne), John Leguizamo et Aimee Carrero (George Diaz, vedette de cinéma, et Felicity son assistante), Reed Birney et Judith Light (Richard et Anne Leibrandt), Rob Yang, Arturo Castro et Mark St. Cyr (les jeunes yuppies techno Bryce, Soren et Dave), Adam Aalderks et Peter Grosz (l'assistant cuisinier Jeremy et le sommelier), Rebecca Koon (Linda Slowik, la mère alcoolique du Chef).
Mark Mylod (1956-, Grande-Bretagne), réalisateur et producteur de films et de télévision, est surtout connu comme réalisateur, entre autres, de la série télévisée Game of Thrones. Quant à ses deux longs métrages, Ali G (2002) et (S)ex-list (2011), voilà, ils ont été cités.
Résumé :
Un bateau emporte vers une île proche du rivage une douzaine de privilégiés, la plupart inconnus les uns des autres, pour une soirée-dîner dans un restaurant de luxe dirigé par un chef réputé. Sous sa direction hautaine, les dîneurs vont aller de surprise en surprise, avec de moins en moins de plaisir.
Analyse :
Au delà de la distraction procurée par les inventions d'un scénario à frissons de plus en plus marqués, on trouve dans Le Menu deux thèmes de fond : la gastronomie haut de gamme, et un snobisme exacerbé s'exprimant dans ce même contexte (la soirée coûte 1 250 $ la place).
La gastronomie est mise en scène de façon à la fois documentaire et caricaturale. Documentaire, le tableau de la brigade de cuisine, dans le décor impeccable de ses fourneaux et casseroles (un vocabulaire plus raffiné serait indiqué ici), et dans l'activité fébrile et incessante de la nombreuse équipe occupée sans cesse à préparer, réaliser, dresser et servir le prochain plat, équipe où chacune et chacun a son rôle, ses devoirs, et aussi ses prérogatives. Caricaturale, la version chiourme et garde-chiourme qui en est donnée, les têtes baissées sur l'ouvrage se relevant toutes d'un même geste pour hurler « Oui Chef ! » lorsqu'une injonction est donnée, et le calvaire humiliant auquel est soumis l'assistant-cuisinier pour l'amusement du grand Chef. Quant au contenu des plats, il cumule les aspects gag et frisson du spectacle.
L'attitude des convives devant le traitement qui leur est infligé est l'outil principal de la critique sociale à l'oeuvre dans Le Menu. Munis de forts revenus, ils sont bien décidés à le montrer d'abord par leur présence à cette soirée pour happy few, et aussi par la familiarité qu'ils veulent afficher à l'égard de ce qui leur est proposé.
Le refus de s'étonner, la crainte aussi de détoner, les amènent à se laisser engager plus loin qu'ils ne l'auraient voulu dans le jeu sadique que Slowik et ses sbires mettent en marche ; jusqu'à ce qu'il soit trop tard.
Un duo principal, Slowik et Margot, exprime de façon privilégiée le sens de la confrontation. Lui, installé dans son métier de profiteur du désir d'image de son public ; elle, tombée, par le hasard des expédients qui lui assurent une vie confortable, dans ce chaudron où elle sera moins que les autres victime d'un éblouissement dont elle sait, professionnellement, qu'il est factice. Ces deux acteurs (Fiennes et Taylor-Joy) gèrent brillamment les excès d'un scénario provocateur, et les nombreux seconds rôles tiennent bien leur partie. Avec une cinématographie léchée, comme il convient à une pellicule trempée dans le luxe, cela fait pardonner un sujet de peu de conséquence.
Jacques Vercueil
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