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Avec :
Yerdos Kanaev (les deux poètes) ; Gulmira Khasanova (la femme du poète) ; Klara kabylgazina (la mère du poète).
Darezhan Omirbaev, né en 1958, est un réalisateur, scénariste et acteur kazakh. Mathématicien de formation il vient au cinéma par passion. Il est rapidement remarqué par ses films :à Locarno pour Kaïrat (1992), au Festival des 3 Continents de Nantes pour Kaïrat, Kardiogramma (1995), Chouga, (2007), à Cannes, Prix Un certain regard en 1998 pour Tueurs à gages. En 2012, son film, L’Étudiant, est présenté à Cannes dans la compétition Un certain regard. Poet (Le poète) est le 7ème long métrage d’un réalisateur trop rare.
Résumé :
A une époque où rares sont ceux qui s’intéressent à la poésie, Didar, un jeune poète, découvre l’œuvre d’un de ses confrères du XIXe siècle et trouve dans le destin censuré de ce dernier un écho à sa propre condition.
Analyse :
Dans une mise en scène très épurée, le Kazakh Darezhan Omirbaev, chef de file de la nouvelle vague asiatique des années 90, pétri de culture occidentale, oppose la poésie trop peu appréciée de nos jours, aux dérives de notre monde libéral, à son uniformisation, à la disparition des langues donc des cultures, à la folie du consumérisme et à la conquête des écrans qui fascinent grands et petits. Il met constamment en parallèle l’histoire d’un poète contemporain qui ne vit pas de sa plume et occupe un emploi dans un petit journal avec celle d’un grand poète kazakh du 19ème, Mahambet Utemisov (1804-1846), interprété par le même acteur, qui en raison de sa rébellion et de son opposition au sultan fut persécuté et assassiné. Dans un style à la Bresson, le cinéaste utilise des plans simples, maîtrisés, non dénués d’ironie, souvent fixes, qui montrent un Dinar idéaliste, fasciné parfois par la modernité comme un enfant, mais qui résiste. Car pour Omirbaev la poésie reste un objet de résistance qui, dans un monde où elle n’a plus lieu d’être, permet de découvrir la beauté dans les éléments les plus simples de la vie. Le film s’ouvre sur une très belle scène. Au petit matin, un rayon de lumière illumine une table, la caméra s’attarde sur une main qui trace des mots sur une page blanche puis lentement découvre le regard inspiré de celui qui écrit dans une cuisine avant que la maison ne s’éveille. La poésie comme une lumière. Dans une mise en scène lente, contemplative comme peut l’être la poésie, le réalisateur nous raconte la solitude du poète, de moins en moins lu et apprécié, avec toutefois quelques touches d’optimisme : Didar est invité à lire ses poèmes dans une ville de province. Quand il arrive, l’immense salle est vide à l’exception d’une spectatrice qui lui dit combien elle aime sa poésie, qu’elle connaît par cœur tous ses poèmes. Un hommage qui vaut tous les publics. Par ailleurs le réalisateur semble nous dire que le poète finit toujours par être reconnu. Après bien des péripéties un mausolée est finalement dressé, avec la dépouille de Mahambet Utemisov, au beau milieu de la steppe.
Une magnifique ode à la poésie trop négligée mais nécessaire à la beauté de la vie, et à ceux qui la font vivre.
Marie-Jeanne Campana
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