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Avec :
Zhou Xun (Moudan et Meimei), Jia Hongsheng (Mardar), Hua Zhongkai (Lao B), Nai An (Mada), Anlian Yao (Boss).
Copie restaurée en 2022
Réalisation : Lou YeNé en 1965 à Shanghai, il fait partie de la 6ème génération de réalisateurs chinois avec Jia Zhangke, Wang Chao, Zhang Yuan et Wang Xiaoshuai. La Triade du papillon - 2003, Une jeunesse chinoise - 2006, et Nuit d'ivresse printanière - 2009 ont figuré en sélection officielle à Cannes. Blind massage - 2014 a obtenu un Ours d’argent à Berlin et Saturday fiction - 2019 a été sélectionné à Venise.
Résumé :
A Shanghaï, Mardar est impliqué dans le projet de kidnapping de la jeune Moudan, dont il tombe amoureux, et réciproquement. Lorsqu'elle découvre qui il est vraiment, Moudan se jette dans la rivière Suzhou. Après plusieurs années passées en prison pour sa tentative d’extorsion avortée, Mardar part à la recherche de Moudan. C'est ainsi qu'il rencontre Meimei, sosie parfait de Moudan.
Analyse :
Rivière mère de la ville de Shanghaï, le fleuve Suzhou est un réservoir de pollution, de chaos et de pauvreté, mais aussi, dit l’auteur, « un refuge pour les souvenirs ». Ce deuxième film, toujours interdit en Chine, reparaît restauré. Il raconte une histoire d'amour teintée d’onirisme, tournée clandestinement en caméra subjective dans les rues de Shanghai. Il suit les vies de quatre personnages marginaux: un vidéaste en voix off -le narrateur de l’histoire-, Moudan la toute jeune fille de 16 ans d'un riche trafiquant, Mardar, un jeune coursier à moto et Mei-mei, une danseuse travaillant dans un bar. Alors que Mardar accompagne Moudan chez sa tante, les deux jeunes gens tombent amoureux mais la jeune fille s’aperçoit que Mardar l’a en réalité kidnappée pour une rançon, et, bouleversée , elle saute d’un pont dans le fleuve. Mardar est suspecté de meurtre et incarcéré. Lorsqu’il sort des années plus tard, il rencontre Mei-Mei, sosie parfait de Moudan, qui le fascine et qu’il poursuit, dans le deuil impossible de son amour. Tout au long du film, qui se déroule dans l’ambiance interlope des quais, loin du Shanghaï moderne, le spectateur reste conditionné par la voix off du vidéaste qui raconte très subjectivement les histoires de chacun et se permet curieusement de modifier certains faits…Cette œuvre, qui évoque le Vertigo d'Alfred Hitchock dans son thème du double féminin, est une envoûtante histoire d’amour empruntant au registre du polar et du fantastique. La mise en scène durassienne déploie tour à tour des points de vue documentaires et des élans romanesques. Au plus près des personnages, la caméra portée à l’épaule multiplie des plans très fluides ; et les scènes romantiques, filmées avec beaucoup de grâce, ont une beauté et une légèreté qui contrastent avec l’aspect ingrat de ce Shanghaï des quais. Une bande originale captivante complète l’immersion du spectateur dans un conte mélancolique situé à mi chemin entre onirisme et noirceur ; et ce rêve éveillé n’est pas sans rappeler le climat des films de Wong Kar-wai.
Jean-Michel Zucker
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