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Avec :
Itsaso Arana (Elena), Francesco Carril (Dani), Irene Escolar (Susana) Vito Sanz (Guillermo).
Avec Todas las canciones hablan de mí en 2010 Jonás Trueba, né à Madrid en 1981, obtient le Goya du meilleur jeune réalisateur. Suivront Los ilusos (2013), Los exiliados románticos (2015), La reconquista (2016), La virgen de Agosto (2021). Enfin Qui à part nous reçoit le Goya du Meilleur documentaire en 2022 et, comme ce dernier film, le prix spécial du jury à Karlovy-Vary.
Résumé :
Une nuit d’hiver à Madrid, deux couples d’amis se retrouvent après s’être perdus de vue. Susana et Guillermo rayonnent depuis leur installation en banlieue et annoncent l’arrivée prochaine d’un bébé. La nouvelle perturbe Elena et Dani qui vivent différemment. Pourtant au printemps, ils se décident à venir voir.
Analyse :
Enfin un long-métrage court, une heureuse surprise après tant d’oeuvres souvent ambitieuses mais pesantes et interminables. Enfin un film léger en apparence mais plus profond qu’il n’y parait car il concerne la vie intime et intérieure de deux couples dont la comparaison de leurs choix de vie semble les fragiliser. Enfin un cinéma qui se garde de toute hystérie dans la narration comme dans les dialogues, et dont la mise en scène et l’interprétation ne surlignent pas, un cinéma par petites touches -expressions fugaces des visages, gestes ébauchés- , pudique, allusif, litotique, dont on ressort vaguement grisé tant il évoque celui d’ Alain Resnais et de Woody Allen. Un film minimaliste, simple et austère dans sa forme, s’élaborant sur des sentiments, et pratiquement sans narration. C’est un film sur deux couples amis qui ne s’étaient pas revu depuis leur jeunesse: Elena et Dani sont restés citadins, Susana et Guillermo vivent maintenant à la campagne. Ils conviennent de se revoir. Finalement Elena et Dani prennent le train et sortent de la ville -et de leur vie-. Tous quatre mangent ensemble, jouent au ping-pong et se baladent. C’est tout ! mais «venez voir», semble nous dire le réalisateur qui se dit fasciné par le Renoir d’Une partie de campagne. Ainsi les traits de ses personnages frémissants -qui n’ont aucunes certitudes mais seulement des questionnements sur ce qui constitue leur existence- ne sont-ils, en écho à ses films précédents, qu’esquissés ; assez cependant pour s’envelopper de mystère, et d’une certaine mélancolie renforcée par les références musicales qu’il choisit, l’évocation du livre Tu dois changer ta vie du philosophe Sloterdijk, et des textes de la poétesse Olvido Garcia Valdes en voix off qui, avec le climat général du film, rappellent irrésistiblement le charme du Paterson de Jim Jarmush.
Jean-Michel Zucker
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