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Fiche technique :
Réalisation : Oliver Hermanus. Scénario : Kasuo Ishiguro d’après Akira Kurozawa. Compositeur : Emilie Lavienaise-Farrouch. Directeur de la Photo : Jamie Ramsay. Montage : Chris Wyat. Distribution : Metropolitan FilmExport.

Avec :
Bill Nighy (Williams), Aime Lou Wood (Margaret Harris), Alex Sharp (Peter), Adrian Rawlins (Middleton).

Vivre (Living)

Royaume-Uni, 2022, 102min.

Réalisation : Oliver Hermanus

Biographie :

Oliver Hermanus est un cinéaste, scénariste et producteur sud-africain né au Cap en 1983, souvent récompensé. Après Shirley Adams (2009, sélectionné à Locarno), il a réalisé Beauty (Skoonheid), qui a reçu la Queer Palm à Cannes 2011, La rivière sans fin (2015) et Moffie (2019, Mostra de Venise).

Résumé :

1953, Londres se remet de la guerre. Williams est un fonctionnaire, chef de bureau qui mène une existence morne parmi d’autres fonctionnaires aussi peu motivés que lui. Or un cancer lui est diagnostiqué qui l’oblige à faire le bilan de son existence.

Analyse :

Le scénario de ce remake du film homonyme d’Akira Kurosawa (1952, inspiré de La mort d’Ivan Ilytch de Leon Tolstoï, a été écrit par Kasuo Ishiguro (Les vestiges du jour), Prix Nobel britannique, d’origine japonaise, de littérature 2017. Il a transposé l’action de Tokyo à Londres, c’est toujours l’immédiat après Seconde guerre mondiale. Un homme apprenant que ses jours sont comptés se décide à vivre réellement. Bill Nighy, 73 ans, qui a plutôt joué auparavant dans des comédies comme Love Actually (2003, rôle de vieux crooner) interprète un fonctionnaire morne et démotivé, chef de bureau dans l’administration municipale de Londres. La description de ce milieu, de véritables morts-vivants, raides, coiffés de hauts de forme, dont on dit que « Même Noé n’arriverait pas à les faire réagir » et qui parlent l’anglais le plus châtié possible, est croustillante. Coup de théâtre, on diagnostique à Mister Williams un cancer qui ne lui donne que six mois à vivre. Le film change alors de tonalité et devient grave. Mr Williams est anéanti au point qu’il ne vient même plus travailler. Il voudrait pouvoir se confier à son fils, il essaie par deux fois, scènes poignantes : en vain. C’est finalement à une rencontre de hasard qu’il s’épanche, en s’excusant : désolé, vous êtes le premier à qui j’en parle. Et comme son interlocuteur note que six mois ce n’est pas rien et qu’on peut en profiter, M. Williams regrette : « mais j’ignore comment faire » ! L’inconnu le sort alors dans les pubs et autres lieux de divertissement. Le haut de forme se perd, remplacé par un feutre, symbole d’une nouvelle vie! Plus tard, M. Williams rencontre la jeune stagiaire de son bureau, Miss Harris, dont la joie de vivre et la gaîté le fascinent. Elle le surnommait Monsieur Zombie ! Les petites scènes se succèdent. Lors d’une seconde rencontre avec Miss Harris (qu’il emmène voir un film avec Gary Grant), Williams lui parle de son cancer et trouve en elle beaucoup d’empathie. Tout cela le transforme, il retourne au bureau avec détermination et se met avec une énergie formidable à défendre le projet d’aire de jeux qui n’aboutissait pas. C’est un très beau film à la fois sur la solitude, sur la mort et la vie, et sur l’action et la nécessité d’agir. Malgré la froideur de la plupart des échanges humains, on est touché par les moments de générosité discrète. La bande son est variée avec piano, cordes, Sibelius, cornemuse, chanson folk, etc. A la fin, se balançant sur l’aire de jeux, enfin installée, Bill Nighy nous émeut au plus haut point, lorsqu’il se chante mélancoliquement un vieux chant écossais sur l’enfance, The rowan tree (Le sorbier des oiseleurs).

Françoise Wilkowski-Dehove

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