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Avec :
Franz Rogowski (Alekseï), Morr Ndiaye (Jomo), Laëtitia Ky (Udoka), Leon Lučev (Paul), Matteo Olivetti (Francesco), Robert Wieckiewicz (Gavril).
Giacomo Abbruzzese est né en 1983 à Tarente, dans le sud de l'Italie. Il a étudié à l'école d'Art Le Fresnoy en France et a réalisé plusieurs courts métrages qui ont été projetés à Oberhausen, Clermont-Ferrand et à la Viennale, entre autres, et ont été diffusés à la télévision internationale. En 2022, son documentaire America est nommé aux César. Disco Boy est son premier long métrage de fiction.
Résumé :
Aleksei, un jeune Biélorusse, fuit un sombre passé. Dans une sorte de pacte faustien, il rejoint la Légion étrangère, avec la perspective de la nationalité française. Loin dans le delta du Niger, Jomo défend sa communauté en tant que militant de la lutte armée. Aleksei est un soldat, Jomo est un guérillero. Dans une guerre insensée, leurs destins vont s'entremêler.
Analyse :
Aleksei (incroyable Franz Rogowski) veut fuir la Biélorussie, ensemble avec son ami Mikhail. Ils se joignent à un groupe de supporters qui voyagent en bus pour rejoindre un match en Pologne, avec un visa pour 4 jours. Leurs visages sont grimés pour l’occasion. Mais lors d’une halte, ils quittent le groupe pour essayer de rejoindre clandestinement la France. En traversant une rivière, Mikhail perd la vie. Aleksei continue seul, meurtri, pour rejoindre la légion étrangère dans l’espoir d’un nouvel avenir possible avec un passeport français.
Pendant ce temps, Jomo, au Nigéria, se fait grimer le visage par sa sœur. Mais ici les couleurs ont une signification plus existentielle : Jomo est le chef d’un groupe armé qui lutte contre l’exploitation de son village par les colonisateurs. Mais ce n’est pas ce dont il rêve. En d’autres temps il aimerait être danseur, ‘disco boy’. Pendant des transes, il exécute des danses inspirées ensemble avec sa sœur. Ce qui frappe, c’est qu’il a un œil plus clair que l’autre. Après l’entraînement comme légionnaire, Aleksei est envoyé au Nigéria. Il aura évidemment à affronter Jomo. Leur ‘rencontre’ constitue le tournant du film. Elle est filmée avec une caméra infrarouge, moment magique où les deux se confondent. Aleksei en sort vainqueur, mais il est marqué à jamais : Jomo souffle sur son œil qui est dorénavant plus clair que l’autre. Transformé dans son corps et dans son âme, il va maintenant endosser une identité tout autre que celle qu’il cherchait, une identité de la perte, de la fidélité au-delà de la mort.
Leur lutte rappelle celle de Jacob au gué de Yaboq : vainqueur mais blessé, transformé car béni, Aleksei va maintenant exécuter des danses en transe avec la sœur de Jomo dans une boîte de nuit, transformée par la musique électrique de Vitalic en lieu magique, utopie d’un monde autre.
Un film plein de poésie malgré un sujet en apparence dur. Ours d’argent de la meilleure caméra pour Hélène Louvart à la Berlinale 2023.
Waltraud Verlaguet
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