PROtestants et FILmophiles |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Avec :
Tilda Swinton (Julie et Rosalind Hart, Louis (Louis), Carly-Sophia Davies (la réceptionniste), Joseph Mydell (Bill).
Née en 1960 à Londres, Joanna Hogg a commencé par être photographe avant de travailler pour la télévision. Son premier long métrage pour le cinéma est Unrelated (2007). Puis viendront Archipelago (2010), Exhibition (2013), mais il a fallu attendre le diptyque, The souvenir Part I (2019) et Part II (2020), primés dans plusieurs festivals, pour qu’elle soit découverte par le public français. Eternal Daughter est le dernier opus de cette cinéaste singulière, à la maîtrise impressionnante, insuffisamment connue.
Résumé :
Julie, une réalisatrice en panne d’inspiration et sa mère âgée Rosalind accompagnée de son chien Louis, viennent passer quelques jours dans un hôtel gallois, vieille bâtisse en pleine nature où elles ont vécu des années plus tôt. Dans ce décor étrange, hanté par les souvenirs, dont les seuls occupants sont les deux femmes, leur chien, et une réceptionniste glaciale, une atmosphère insidieuse de fantastique feutré se développe.
Analyse :
Si vous avez une préférence pour les scénarios rédigés au cordeau et pliés comme un origami, évitez ce film. Par contre, si vous aimez les histoires qui se déroulent de « l’autre côté du pont « , là où « les fantômes viennent à notre rencontre » comme il est dit dans un carton de Nosferatu, alors je vous conseille vivement d’aller voir Eternal Daughter … qui, d’ailleurs commence tout de suite dans cet autre côté : une forêt dans la nuit, des arbres noyés de brume, une route étroite sur laquelle roule un taxi aux phares anorexiques, et à l’intérieur du taxi deux femmes accompagnées d’un chien, Julie et sa mère Rosalind. Et, au bout de la route, au bout de la nuit, la façade enténébrée d’un grand manoir qui s’avère être un hôtel, c’est la destination des voyageuses. Drôle d’hôtel. Il semble vide et pourtant les deux femmes ont du mal à obtenir la chambre qu’elles veulent, celle où elles vivaient autrefois. Quand ?... Du temps des fantômes, bien sûr. Drôles de femmes aussi, dont le couple est scellé par le ciment dévorant de l’emprise maternelle. Julie, double de sa mère au point que les deux personnages sont joués par Tilda Swinton, ne cesse d’être à l’écoute de ses moindres désirs et de l’accompagner dans ce retour dans le passé. Un passé évoqué par des craquements de boiseries, des reflets dans les miroirs, des couloirs et des escaliers, des errances, des échanges aussi, toujours allusifs, entre les deux femmes. Un passé que Julie, réalisatrice, voudrait restituer en tournant un film inspiré de sa mère.
Un jour, celle-ci disparaît comme par enchantement pendant le petit repas de fête organisée par sa fille pour son anniversaire. Morte ? A moins qu’elle ne fût déjà morte bien avant ? A moins que tout ce qu’on vient de voir soit de la matière dont on fait les rêves. Quand, à la fin du film, on voit Julie assise à son ordinateur et y rédigeant le récit de son arrivée à l’hôtel avec sa mère, on peut s’interroger : peut-être jusqu’à cet instant a-t-on vécu le premier jet du scénario qu’elle est venue écrire et qu’elle commence enfin à mettre sur le papier. Si, pour vérifier, on demandait alors à Joanna Hogg, C’est bien ça ? Peut-être répondrait-elle, « Peut-être ».
Jean Lods
Autres articles sur ce film
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier |