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Fanny Molins se forme à l’University of the Arts de Londres, et développe une approche documentaire dans sa pratique photographique. Sa série Les Musiciens l'amène à suivre les habitués du bar l'Atlantic pendant quatre ans. Ce premier long métrage, projeté dans la sélection Acid de Cannes 2022, obtient le grand Prix du jury et le prix du public au festival Champs Elysées du film indépendant français et américain.
Résumé :
A l'Atlantic Bar, Nathalie, la patronne, est le centre de l'attention. Ici, on chante, on danse, on se tient les uns aux autres. Après la mise en vente du bar, Nathalie et les habitués se confrontent à la fin de leur monde et d'un lieu à la fois destructeur et vital.
Analyse :
Menacées par la gentrification, Il reste en Arles des zones populaires et, jusqu'à l'année dernière, au moins un bar de quartier, l’Atlantic Bar, espèce en voie de disparition dont la porte est toujours ouverte. Hélas, Nathalie, la chaleureuse patronne à la voix éraillée par le tabac et l’alcool et Jean-Jacques son conjoint, le taiseux au grand coeur, risquent de perdre leur bail et leurs habitués car le propriétaire du fonds qui veut vendre les chassera s’ils ne se décident pas à acheter. Entourée de la garde rapprochée de ses piliers du bar, c’est Nathalie qui tient la baraque et porte le lourd fardeau d’un alcoolisme en rémission. Comme sortis de Pagnol ses fidèles clients au passé tourmenté sont des personnes d’une grande générosité -un clochard, un ancien taulard, un poète un peu fou. Tous viennent s’épancher, mais c’est d’abord une joie de vivre qui se dégage de leur témoignage lorsqu’ils font l’état des lieux de leur vie cabossée, même si l’on saisit parfois un regard désenchanté, reflet d’une pensée nostalgique. La réalisatrice réussit avec délicatesse à nous immerger dans l'ambiance de ce bar en sursis et à capter la solitude et le besoin d’amitié de ceux qui le fréquentent. Ce premier documentaire drôle et touchant va à la rencontre de la vie de gens simples et authentiques, et se déroule quasi exclusivement dans un seul lieu -on n’en sortira que pour quelques échappées le jour de fermeture du bar, à Port Saint Louis, à l’embouchure du Rhône, où Nathalie et Jean-Jacques vont pécher, avec leur chien et un ami, un ancien clochard qu’ils ont adopté comme l’un des leurs. Rappelant, au début de sa carrière de documentariste il y a près de 40 ans, la chronique pleine de tendresse qu’écrivait le grand documentariste français Denis Gheerbrant avec Amour rue de Lappe, ce film introduit le spectateur avec délicatesse et sans misérabilisme dans l’intimité de ce bar de quartier saisi par l’imminence de sa disparition.
Jean-Michel Zucker
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