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Avec :
Alma Pöyisti (Ansa). Jussi Vatanen (Holappa). Janne Hyytiäinen (Huotari). Nuppu Koivu (Liisa).
Après s’être investi dans le cinéma dès sa jeunesse, Aki Kaurismäki commencera sa carrière de réalisateur avec son frère aîné Mika. Non admis à l'école de cinéma, il apprend sur le tas, tout en exerçant divers métiers manuels. Précédé d’une dizaine de films remarquables marqués par un pessimisme et une auto-dérision contrastant avec une espérance, il devient célèbre avec L’homme sans passé (2002), Prix du Jury à Cannes.
Résumé :
Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier et unique amour. l’alcoolisme de l’homme, la perte d’un numéro de téléphone, et l’ignorance du nom du partenaire et de son adresse ralentissent leur quête réciproque. La vie met des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur.
Analyse :
Ce 21ème long métrage d’un réalisateur devenu culte est la quatrième partie que l’on croyait perdue d’une trilogie (Shadows in paradise, Ariel et La Fille aux allumettes) et a remporté le Prix du Jury à Cannes. Comédie romantique qui tend vers l’épure, c’est un condensé pudique et bouleversant de l’oeuvre de Kaurismäki dont les fans reconnaîtront la petite musique familière de son écriture dès les premières images. Apprécié pour des films qui donnent à percevoir le quotidien cabossé du prolétariat de son pays, fait de petits boulots précaires, de nuits glacées et d'une solitude que l’on noie dans l’alcool certes, puisqu'on est en Finlande, mais que l’on soigne aussi par la musique et par l’amour, le réalisateur plonge le spectateur dans une atmosphère burlesque et mélancolique qui évoque irrésistiblement le climat des films de Chaplin auquel il déclare avec modestie qu’il lui tire son «trop petit chapeau», de même qu’à Bresson et à Ozu. le film raconte avec beaucoup d’empathie et un humour tendre et désespéré une cahoteuse histoire d’amour dans le contexte actuel d’inflation et de guerre en Ukraine. Deux taiseux attachants -une femme, Ansa, employée dans un supermarché dont elle se fait renvoyer, et un homme, Holappa, ouvrier précaire et alcoolique- sont perdus à Helsinki dans un univers hostile et désespérant de ruelles ternes et de bars tristes contrastant curieusement avec une décoration intérieure où font contraste des couleurs franches où dominent le bleu et le rouge, comme dans les affiches de films des années 60. Ces deux solitaires vont se rencontrer par hasard dans un karaoké, sans jamais échanger leurs noms, se plaire maladroitement autour d’un verre, puis s’égarer, pour finir par se retrouver près d’un cinéma où leur amour prendra forme, rythmé par des dialogues absurdes et des péripéties improbables et cocasses. Loin de tout misérabilisme comme de tout militantisme social à la Ken Loach, ce conte, délibérément irréaliste et décalé, évoque avec délicatesse la nécessité de lutter pour garder espoir en l’avenir. Le jeu tout en retenue des acteurs aux postures et aux mimiques figées et délibérément inexpressives se déploie dans une composition des plans très poétique, et une mise en scène minimaliste.
Jean-Michel Zucker
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