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Avec :
Léa Drucker (Anne) – Samuel Kircher (Théo) – Olivier Rabourdin (Pierre) – Clotilde Courau (Mina).
Née en 1948, d’abord romancière, Catherine Breillat débute sa carrière de réalisatrice en 1976 avec l’adaptation d’un de ses romans, Une vraie jeune fille. Le film fait scandale et ne sortira finalement sur grand écran qu'en 2000. Elle poursuit sur sa lancée avec, en particulier, 36 Fillette (1988), et Parfait amour (1996). En 1999, elle crée de nouveau la polémique avec Romance (1999). Après Abus de faiblesse (2013), elle reste dix ans sans tourner. L’été dernier a été sélectionné au Festival de Cannes 2023.
Résumé :
Anne, avocate quadragénaire spécialisée dans les affaires de protection de l’enfance, connaît une vie de famille bourgeoise et harmonieuse auprès de son mari, Pierre, et de leurs deux filles adoptives. Jusqu’à ce que survienne, Théo, le fils que Pierre a eu d’un premier mariage. L’adolescent, rebelle et séducteur, va mettre à mal l’équilibre conjugal et la carrière d’Anne.
Analyse :
Le film de Catherine Breillat est inspiré d’un précédent film, Dronningen, réalisé en 2019 par la Danoise May el-Thouky. Il n’en demeure pas moins que L’été dernier s’inscrit bien dans la ligne habituelle de la réalisatrice, à savoir l’exploration sans fard des labyrinthes de la sexualité féminine et des perturbations qu’elle engendre chez la gent masculine. Malgré l’agacement de départ de l’épouse face à un beau-fils sans gêne, on comprend vite qu’Anne va se laisser prendre au jeu trouble du désir. Le film, bien loin de dérouler le charme équivoque d’une relation transgressive, va, au contraire, la passer au scalpel. La scène au cours de laquelle Pierre fait part à son épouse de sa décision de partir quelques jours seul avec son fils, s’avère centrale. Anne et Pierre sont assis côte à côte à la table du petit-déjeuner ; en arrière-plan, on voit, comme dans un miroir, l’adolescent déambuler torse nu dans un décor végétal. Est-il l’ange divin (comme son nom pourrait l’indiquer) à l’image du visiteur de Théorème ; ou le tentateur porteur de mort, comme Tadzio dans Mort à Venise ? Le plan séquence est d’une beauté picturale, mais la lumière édénique qui le baigne masque mal la menace que perçoit Anne. Il lui faudra alors payer le prix d’une mauvaise foi monstrueuse pour tenter d’annuler l’adultère au goût d’inceste et garantir la survie de sa quiétude familiale et professionnelle ?
L’été dernier porte à l’incandescence l’art de Catherine Breillat. La réalisatrice filme les scènes d’amour à la manière du Caravage peignant « L’extase de Marie-Madeleine » pour saisir sur la gorge dénudée et le visage d’Anne le grain lumineux de la jouissance. Mais un tel tableau a son revers d’ombre. Anne devient l’otage de son mensonge destructeur. Le film l’enferme alors dans un cadre que la nuit envahit peu à peu jusqu’à cet ultime et glaçant « Tais-toi » de Pierre.
Yves Ballanger
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