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Avec :
Deniz Celiloğlu (Samet), Merve Dizdar (Nuray), Musab Ekici (Kenan), Ece Bagci (Sevim), Erdem Senocak (Tolga), Yüksel Aksu (Vahit), Münir Can Cindoruk (Feyyaz), Yildirim Gücük (Directeur de l’Education).
Né en 1959 à Istanbul, il fait des études de chimie puis d’électricité avant de se passionner pour la photographie qu’il pratique en professionnel avant, à la fin des années 80, de se consacrer au cinéma. En 1995 Koza est le premier court-métrage turc sélectionné à Cannes. Après Kasaba et Nuages de mai, Uzak, Grand prix à Cannes 2003, le rend célèbre. Winter Sleep, son 7ème long métrage, remporte la Palme d’Or en 2014.
Résumé :
Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray, jeune professeure comme lui...
Analyse :
Dans un petit collège rural perdu au fin fond de l’Anatolie orientale, marquée on le sait par des conditions climatiques difficiles et une terre aride, les cours reprennent après la coupure des vacances d’hiver cependant que la neige continue à tomber. Samet, professeur de dessin en début de carrière, nommé à l’est du pays, pense arriver à la fin de son service obligatoire. Fragilisé par l’attente fébrile d’une mutation à Istanbul qui ne vient pas, il ronge son frein. Enseignant ambigu, il ne maintient pas toujours une distance raisonnable avec ses élèves -et peut-être est-il même trop attiré par certains. Kenan, collègue et colocataire de Samet, célibataire comme lui, est une personnalité plus effacée et a manqué de peu une promotion de chef d’établissement. Nuray est une belle femme mystérieuse native de la région, et revenue y enseigner depuis peu. Handicapée, car amputée d’une jambe après un attentat terroriste probablement dans le cadre du conflit kurde, elle croit toujours à l’action et à l’engagement et sa vitalité fascine les 2 hommes. Cevim, une adolescente de 14 ans au comportement et aux regards équivoques, est prise dans une relation de séduction avec Samet. Dès lors le fil narratif suit 2 pistes: des accusations de harcèlement sexuel qui accablent Samet et Kenan, et les tourments du triangle amoureux qu’ils forment avec Nuray. Si celui-ci peut parfois évoquer le Truffaut de Jules et Jim, c’est le Renoir de La Règle du jeu où « tout le monde a ses raisons » que le film rappelle irrésistiblement. On y retrouve surtout avec bonheur la richesse humaine de l’auteur de Winter Sleep et de Il était une fois en Anatolie, son amour de Tchékhov, l’ambiguïté des sentiments , et la mélancolie du temps qui passe. Cette multiple richesse thématique, explorant l’intime comme les tensions communautaires, habite des dialogues dont on peut dire qu’ils sont mis en scène avec une grande fluidité pour alimenter sans aucun pédagogisme mais avec une grande émotion les échanges souples et vivants des protagonistes. Les paysages hivernaux sont sublimés par l’art photographique de Ceylan, tandis que, vers la fin, la scène d’anthologie du dîner entre Nuray et Samet, qui en a délibérément exclu Kenan, atteint un niveau de perfection cinématographique difficile à décrire.
Jean-Michel Zucker
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