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Avec :
Enea Sala (Edgardo Mortara enfant), Leonardo Maltese (Edgardo Mortara adulte), Paolo Pierobon (Pape Pie IX ), Fausto Russo Alesi (Momolo Mortara), Barbara Ronchi (Marianna Mortara), Samuele Teneggi (Riccardo Mortara), Filippo Timi (Cardinal Antonelli), Fabrizio Gifuni (Pier Gaetano Feletti), Aurora Camatti (Anna Morisi).
Cinéaste politiquement engagé à l‘extrême gauche dès ses premières oeuvres (Les poings dans les poches, primé à Locarno en 1965), ses films sont sélectionnés à Cannes et à Venise où il reçoit en 2011 le Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière. Il a fait l’objet de dizaines de rétrospectives à travers le monde. Il est, depuis 2014, président de la cinémathèque de Bologne.
Résumé :
En 1858, à Bologne, les soldats du Pape surgissent dans la famille juive des Mortara pour enlever Edgardo, sept ans, secrètement baptisé par sa nourrice et devant de ce fait recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, soutenus par l’Italie libérale et la communauté juive internationale, vont tout faire pour récupérer leur fils, tandis que l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant.
Analyse :
Au-delà d’une somptueuse fresque historique, où l’affaire Mortara est la toile de fond du film du fougueux réalisateur qu’est Bellocchio, c’est plus encore un pamphlet sur le viol documenté, prolongé, et insoutenable, d’une conscience d’enfant, avec ses conséquences funestes pour toute sa famille certes, mais surtout pour l’inconscient de la victime de ce viol. Soumis dès lors à un impitoyable lavage de cerveau, Edgardo deviendra en quelque sorte l’enfant obéissant du pape qui en fera un prosélyte puis un prêtre. Le film met en scène de façon efficace, à l’échelle italienne et européenne, l’affrontement des défenseurs de l’Eglise et des promoteurs de ce qui deviendra plus tard la laïcité, mais ce qui paraît le plus intéressant est le drame conscient que vit la famille, et partiellement inconscient et refoulé que vit Edgardo. La violence antisémite de l’époque qui écrase la famille sourd d’un luxe de détails expressionnistes - comportements désespérés des parents, clairs obscurs caravagesques des images, prégnance des symboles religieux , montages parallèles des excès baroques des cérémonies catholiques contrastant avec la sobriété des prières juives, musique assourdissante - tandis que l’enfant, initialement sidéré par l’arrachement à sa famille puis bouleversé par le corps souffrant du Christ crucifié, va en apparence devenir celui que l’Eglise et son père adoptif et adopté, le pape Pie IX, veut qu’il devienne- un fervent catéchumène chrétien puis un prêtre acharné à convertir toute sa famille à la foi catholique. Mais tout cela a un prix: une évolution schizophrénique d’Edgardo, dont le mutisme imposé à son enfance fait exploser le corps adolescent à plusieurs reprises, dans des séquences en miroir des crises de violence du pape enfermé dans ses dogmes. C’est finalement, semble suggérer le réalisateur, la destruction de la substance même de l’enfant qui constitue le scandale le plus insupportable et le pêché contre l’Esprit.
Jean-Michel Zucker
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