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Avec :
Bahman Ark (David), Arghavan Shabani (Selena), Servin Zabetiyan (Aram), Sadaf Asgari (Sadaf), Faezeh Rad (Faheze), Hossein Soleymani (Farbod), Majid Salehi (Siamak), Farzin Mohades (Ali).
Cannes 2023 Un Certain Regard
Réalisation : Alireza KhatamiAli Asgari, né en 1982, a été sélectionné sur la Croisette pour ses courts métrages en 2022. Son premier long métrage, Juste une nuit, a été présenté au festival de Berlin la même année. Il a décidé de rester en Iran et, jusqu’à présent, il a réussi à résister à la censure. Alireza Khatami, né en 1980, a débuté sa carrière en 2000 en tant qu’assistant de plusieurs grands réalisateurs iraniens, dont Asghar Farhadi. Son court métrage, M. Chang new address, a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. Son premier long métrage Les versets de l'oubli, a gagné le prix du jury Interfilm à Venise en 2017. Chroniques de Téhéran a été montré dans la section Un Certain Regard à Cannes en 2023 et a été primé entre autres à Toronto.
Résumé :
Neuf histoires de la vie quotidienne apparemment banales. Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un chômeur répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche son chien.
Analyse :
C’est un bijou de poésie. Les différentes histoires ont beau être d’une banalité confondante, elles sont terriblement cocasses ! Par exemple, dans la première scène, quand l’homme veut déclarer la naissance de son fils, l’administration ne veut pas enregistrer le prénom choisi. Cela donne lieu à un dialogue de sourd où des sourates du coran cherchent à faire taire les arguments de bon sens. La fille censée s’habiller désormais en djihab est tellement une-petite-fille-comme-toutes-les-petites-filles qu’on ne sait pas s’il faut rire ou pleurer. Et celle qui est convoquée par la directrice : quel aplomb. Chapeau les Iraniennes ! Toutes les scènes sont filmées en cadre fixe, on voit la personne qui vient exposer son problème, mais son interlocuteur reste hors champs, en voix off. On pourrait croire que le procédé est lassant. Or, il n’en est rien. Le titre original peut se traduire par « Les versets terrestres » ou « terre à terre », terme souvent lié à la spiritualité ou la poésie (une allusion évidente aux Versets sataniques de Salman Rushdie). Nous avons affaire ici à des ‘versets filmiques’ qui s’inspirent d’une forme poétique iranienne ancienne : l’opposition de deux personnages qui discutent de problèmes philosophiques ou sociétaux, alliant profondeur des propos et humour. La profondeur de l’humour est ici abyssale. Les réalisateurs ont affirmé avant la projection : rien de mieux pour démontrer l’absurde de la tyrannie que le rire. Pari gagné ! Est-ce que les mollahs ont vu ce film ?
Waltraud Verlaguet
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