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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Marie Amachoukeli. Directrice photographie : Inès Tabarin. Musique : Fanny Martin. Production : Bénédicte Couvreur. Distribution : Pyramide Distribution.

Avec :
Louise Mauroy-Panzani (Cléo), Ilça Moreno Zego (Gloria) Arnaud Rebotini (le père).

Ama Gloria

France, 2023, 83min.

Marie Amachoukeli, 44 ans, est une réalisatrice et scénariste française, diplômée de la Fémis. Elle se fait connaitre en 2014 par le film Party Girl écrit et réalisé en collaboration avec Samuel Theis et Claire Burger : le film obtient la Caméra d’or au festival de Cannes. Elle finalise I want Pluto be a planet again en 2016 (film d’animation). Ama Gloria fait l’ouverture de La Semaine de la critique à Cannes 2023.

Résumé :

C’est l’histoire d’une petite fille de 6 ans, Cléo, élevée par son papa, veuf, et une merveilleuse nounou cap verdienne Gloria. C’est aussi l’histoire d’une brutale séparation, quand Gloria est rappelée d’urgence dans son pays. Cléo, dévastée par la douleur, retrouvera cependant sa nounou sur son île pour quelques semaines de vacances. Elle y rencontre de grands chagrins et de grands bonheurs.

Analyse :

Ne manquez pas ce film, au risque d’en ressortir chavirés, car le jeu en vaut la chandelle : c’est un film rare. Marie Amachoukeli nous dit qu’il plonge ses racines dans son enfance : c’est à sa propre nounou, portugaise, retrouvée avec émotion 40 ans plus tard, qu’elle dédie ce film.

Gloria, c’est la nounou cap verdienne de Cléo, 6 ans, une petite bouille toute ronde, et de grosses lunettes toutes rondes elles aussi. Cléo vit seule avec son papa et sa nounou depuis la mort de sa maman quand elle était encore un bébé. Cléo aime Gloria de tout son cœur et plus encore. Gloria le lui rend bien. Mais voilà que celle-ci apprend par téléphone que sa mère vient de mourir. Or c’est elle qui s’occupait de ses 2 enfants restés au pays. Gloria doit rentrer sans attendre. Cléo sanglote : mon Dieu, faites que Gloria revienne à la maison… Son père est gentil mais complètement déconcerté par le désespoir de la petite fille. Il accepte alors que l’enfant parte en avion rejoindre la nounou bien-aimée pour la durée de l’été. Et Cléo, petite fille blanche des villes, se retrouve dans un autre monde, habité d’enfants libres et heureux, courant dans les rochers et sautant dans les vagues. Cléo observe, se risque elle aussi, ravie. Mais elle découvre très vite que sa nounou adorée ne lui appartient pas complètement : Gloria a un fils de 13 ans et surtout une fille qui vient de mettre au monde un bébé. Gloria chante au nouveau-né la même berceuse qu’à Cléo naguère : Gloria aime donc son petit-fils ? Alors Cléo est folle de douleur, elle voudrait mourir de chagrin, tout de suite. Gloria est là, attentive, émue par cette douleur d’enfant. Gloria mesure parfaitement la force d’âme qu’il lui faut pour accompagner la petite fille tout au long de cette épreuve : celle, incontournable même pour les enfants, de la séparation. A l’heure du départ à l’aéroport, Gloria agenouillée devant Cléo murmure tout en accrochant sa chainette en or autour du cou de l’enfant, maintenant il va falloir se quitter et être heureuses.

Hommage soit rendu au jeu des deux actrices, l’enfant et la nounou, toutes deux non-professionnelles, remarquables de justesse, de vérité.

Le film s’écoule lentement, la caméra s’approche avec une infinie pudeur des visages et des corps. L’indicible des émotions est signifié magnifiquement par des séquences d’animation, comme un livre d’images aquarellées pour les enfants, comme un livre de contes pour les aider à grandir.

Françoise Lods

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