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Réalisation : Nicolas Peduzzi. Image : Nicolas Peduzzi. Son : Alexandre Bracq, Benoît Déchaut. Montage : Nicolas Sburlati. Montage son : Louis Blanc. Photographie : Pénélope Chauvelot. Musique : Gaël Rakotondrabe. Production : GoGoGo films. Distribution : Les Alchimistes. Avec le psychiatre Jamal Abdel-Kader, son équipe et ses patients.
Il grandit en Italie avant de s’installer aux États-Unis où il réalise plusieurs courts métrages autofinancés. Son 1er LM, Southern Belle, (2018) remporte le Grand Prix du FID à Marseille. Ghost Song (2021) et Etat limite (2023) sont sélectionnés à Cannes dans la sélection ACID. Peduzzi sait filmer avec justesse les gens en proie aux addictions ou que l’on craint de regarder.
Résumé :
Comment bien soigner dans une institution malade ? A Paris, à l’hôpital Beaujon, le Dr. Abdel-Kader, psychiatre de liaison, navigue des Urgences au service de Réanimation, de patients atteints de troubles mentaux à ceux qu’une maladie chronique retient alités. En dépit du manque de moyens et des impératifs de rendement, il s’efforce d’apaiser leurs maux.
Analyse :
En pleine tourmente du Covid 19, le réalisateur s’attache à comprendre le mal-être de l’hôpital public, en prenant son temps pour filmer l’inimaginable quotidien d’un jeune psychiatre de 35 ans, fils de médecins syriens établis en France et inspiré par une vocation précoce. Jamal, praticien de liaison dans un grand établissement parisien, est le seul psychiatre senior de l’institution. Convaincu du pouvoir de la parole, il prend le temps d’écouter et d'apaiser ses patients et de former sur le tas le petit nombre de jeunes internes et de soignants infirmiers qu’il peut encore conserver. Son inlassable engagement personnel contraste avec la progression du dénuement matériel et humain d’une institution gangrenée par le primat de la rentabilité. Le film s’ouvre sur une cavalcade effrénée dans les couloirs d’un hôpital en état d’urgence permanent -couloirs surpeuplés, échanges entre deux portes, appels des patients en demande- où la caméra suit Jamal, courant en baskets d’un service à l’autre et d’un chevet à un autre, et croisant des patients agités, des soignants désemparés, des policiers sur leur garde, dans une atmosphère de panique que souligne une bande son assourdissante. Plusieurs silhouettes impressionnantes marqueront ensuite le spectateur : celle d’une jeune femme qui a perdu ses deux jambes et un l’avant-bras après une tentative de suicide, une « théologienne » hollandaise en cavale, un furieux qui ne veut pas être calmé et exige de rentrer chez lui, un grand mélancolique addict aux écrans et qui vit dans le noir… Toute cette agitation contraste avec le temps arrêté que Jamal ménage pour ses patients, significatif d’une passion du soin qu’il est rare de voir représentée avec une telle intensité au cinéma. Moderne Sisyphe, il sait cependant qu’il est guetté par l’épuisement et le manque de reconnaissance, et finit par penser que son attitude oblative éloigne peut-être une prise de conscience sociale et politique du problème. Loin de toute hagiographie, ce film est le portrait d’un personnage hors du commun et d'un authentique médecin avec son enthousiasme et ses fragilités.
Jean-Michel Zucker
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