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Avec :
Selahattim Pasali (Emre), Ekin Koç (Murat), Erol Babaoglu (Sahin).
Âgé de 48 ans, au départ universitaire (économie et histoire) et cinéphile passionné, Emin Alper se lance dans le cinéma à l’occasion d’un programme du gouvernement turc pour financer des films dans les années 2000. Il réalise deux courts métrages puis se lance dans le long avec Derrière la colline qui obtient le prix du meilleur premier film à la Berlinale de 2012. Présenté à Cannes 2022 dans la section Un certain regard et bardé de récompenses internationales Burning Days est son quatrième long métrage.
Résumé :
Jeune procureur idéaliste, fraîchement nommé à Yaniklar, petite ville reculée de Turquie, Emre se rend compte dès son arrivée de la difficulté de sa mission. Yaniklar est sous la coupe de notables locaux qui, tenant à leurs privilèges et à la préservation de l’ordre qu’ils ont instauré, sont décidés à faire tomber le trop honnête Emre en le compromettant dans une sordide affaire de viol.
Analyse :
Thriller ? Film politique ? Western ? Drame psychologique ? Il y a de tout cela dans l’histoire de ce jeune Emre, procureur droit dans ses bottes, venu pour faire respecter la loi à Yaniklar, grosse bourgade d’Anatolie dont le sol s’effondre en raison des forages qui épuisent les nappes souterraines pour alimenter sa population en eau. Cet effondrement physique a une évidente dimension métaphorique : à Yaniklar règne une corruption généralisée, un électoralisme forcené, un populisme exacerbé, un machisme revendiqué et un mépris affiché de la loi. A la tête de ce système gangrené règne un maire tout puissant, Selim, qui, alors que des élections sont proches, base sa campagne sur sa capacité à être le seul à pouvoir fournir de l’eau à la population, alors que dans le même temps il est accusé de connivence intéressée avec les foreurs de puits. Bien sûr Emre va entrer en conflit avec le maire. Bien sûr celui-ci et la clique qui le soutient vont tendre un piège à l’incorruptible procureur : au cours d’un dîner organisé par le fils du maire, Emre sera copieusement saoulé, et, alors qu’il est inconscient, Pekmez, une jeune gitane invitée au repas, sera violée, on ne sait pas clairement par qui. Au réveil, ne se rappelant rien et en charge de l’enquête sur ce viol, il va se trouver confronté à l’idée de sa complicité, voire de sa responsabilité. Tandis que l’opinion publique se déchaîne en rumeurs infondées contre lui, Emre ne trouve appui qu’auprès d’un journaliste de l’opposition au maire, un nommé Murat, être trouble à la réputation sulfureuse, teintée d’homosexualité. La victoire triomphante de Selim aux élections, la liesse populaire qui en résulte, ont pour effet d’entraîner contre Emre et Murat une manifestation de haine qui a tôt fait de tourner en chasse à l’homme.
Film complexe aux scènes souvent impressionnantes, Burning Days saisit le spectateur dès la première image et le jette dans une sorte de machine infernale dont les quatre parties qui le scandent se déclenchent successivement comme autant d’étages d’un broyeur inexorable.
Jean Lods
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