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Avec :
Nadia Tereszkiewicz (Colette Lopez), Kim Guttiérrez (Robert Lopez), Charlie Vauselle (Thomas), Amélie Rakoto Arimalala (Miangaly), Hughes Delamarlière (Bernard Huissens), Sophie Guillemin (Mme Guedj), David Serero (Mr Guedj), Luna Carpiaux (Odile Huissens).
NĂ© au Maroc en 1962, il se forme Ă l’IDHEC, oĂą il rencontre Laurent Cantet, avec qui il coĂ©crit et monte L’emploi du temps (2001), Vers le sud (2005) et Entre les murs (2008), palme d’or Ă Cannes. Après Les revenants (2004) et Eastern boys (2013), 120 battements par minute, inspirĂ© par sa militance Act Up, obtient Ă Cannes le Grand Prix 2017 et le CĂ©sar du meilleur film.
Résumé :
DĂ©but des annĂ©es 1970, sur une base de l’armĂ©e française Ă Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme Ă travers le prisme de l’Ă©closion sensorielle d’un enfant.
Analyse :
Cette fiction, partiellement inspirĂ©e de faits rĂ©els, a Ă©tĂ© imaginĂ©e par le rĂ©alisateur pour « balayer » et « brĂ»ler » sa nostalgie d’une enfance heureuse et protĂ©gĂ©e sur la base militaire aĂ©rienne française oĂą vivaient en 1971 sa famille, 10 ans après le choix de l’IndĂ©pendance fait par les Malgaches. Thomas, un petit garçon de 8 ans, qui vĂ©nère la justicière de sĂ©rie FantĂ´mette, dĂ©couvre la vie artificielle que mènent ses parents dans le monde irrĂ©el d’un Empire colonial en fin de vie. Il trouve factices et surjouĂ©s certains comportements, entre les Français de la base comme entre ceux-ci et les autochtones. On suit ainsi plusieurs familles qui, Ă travers le regard d’un enfant et alors que la prĂ©sence française se prĂ©carise, persistent chacune Ă sa façon dans l’illusion coloniale. Ce cadre dĂ©liquescent devient la matrice d’un imaginaire reconstituĂ© en une suite de scènes, quelquefois aux confins de l’onirisme, que portent avec un grand talent des acteurs convaincants: Thomas, hypersensible et moquĂ© par les garçons; Colette Lopez, sa mère aux aguets devant ce monde finissant qui l’angoisse; Robert, son père, un sous-off macho brut de dĂ©coffrage; les Guedj, profiteurs coloniaux dĂ©complexĂ©s et inconscients; Miangaly, jeune fille malgache ambivalente. La force du film et la rĂ©elle fascination qu’il exerce dans sa première partie vient du charme indĂ©niable d’une mise en scène qui entrelace les souvenirs brumeux du rĂ©alisateur Ă la traversĂ©e des apparences que tente l’enfant pour comprendre la rĂ©alitĂ© qui l’entoure, rĂ©fractĂ©e par son imagination. Cette rĂ©alitĂ© se dĂ©ploie Ă plusieurs niveaux - politique, familial, imaginaire. Paradoxalement l’intĂ©rĂŞt faiblit un peu dans la dernière partie lorsque, Ă l’Ă©preuve de la rĂ©alitĂ© - la rĂ©volte sociale de la population que les militaires français contribuent Ă mater-, le refuge dans l’imaginaire de Thomas envahit l’Ă©cran. C’est aussi le moment (trop?) tardif oĂą apparaissent les vrais habitants de l’Ă®le qui injectent du rĂ©el dans la fantasmagorie de Thomas ou celle des adultes qui dansent sur un volcan.
Jean-Michel Zucker
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