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Née en 1989 en URSS, Marusya Syroechkoskaya a étudié à l’école de cinéma et de théâtre de Moscou et à la faculté de mise en scène de cinéma de l’Institut d’art contemporain de Moscou. Elle a quitté la Russie en mars 2022 et vit maintenant à Vienne. Ce documentaire, How to save a good friend, son premier long-métrage, a été présenté à l’ACID au festival de Cannes 2022 et a reçu de nombreux prix dans les festivals.
Résumé :
Au milieu des années 2000, adolescente en proie à des pulsions suicidaires, la future réalisatrice a filmé sa vie avec son petit ami, devenu ensuite son mari, Kimi, avec lequel elle a partagé notamment la passion de la musique. Dépressif, drogué, flirtant avec la mort, Kimi est décédé en 2016. Ce film est un hommage.
Analyse :
Les premières images montrent une épouvantable barre d’immeubles gris beige dans une banlieue du sud de Moscou, Butovo. La réalisatrice y a passé son enfance dans les années 1990, une période de pauvreté noire pour la Russie post soviétique qui sera suivie dès 2000 par les sinistres années Poutine. L’enterrement de Kimi apparaît rapidement, sa tombe dans la neige, le chagrin de ses proches. Deux ans après, en 2018, Marusya s’est replongé dans ses archives, des bouts de films tournés ici et là avec différentes caméras, des photos, prises de son, etc. pour bâtir ce documentaire. Il redonne vie à son compagnon et raconte comment il s’est enfoncé dans l’autodestruction. Mais « comment garder quelqu’un qui fait tout pour disparaître ? », a-t-elle expliqué lors de la sortie du film à Cannes. Se déroulant au rythme des vœux présidentiels (Eltsine en 1999, Poutine en 2000, Medvedev en 2012), l’histoire de cette jeunesse désespérée est triste à mourir, marquée par le recours à la drogue et l’absence d’espoir. Beaucoup d’amis du couple se suicident. Deux passions quand même chez Kimi : la musique, notamment celle du groupe post punk Joy Division, et les chats. Le jeune couple en adoptera deux dont l’un porte le prénom, Yan, du chanteur et parolier de Joy Division (qui s’était lui-même suicidé en 1980). Parfois trop forte, la musique, surtout du rock et du punk, est très présente d’un bout à l’autre. D’avoir des enfants, pour le couple il n’en a pas été question. Contrairement à son compagnon, la jeune femme, elle-même musicienne, a résisté à la dépression grâce à sa caméra qui lui a permis de prendre de la distance : « Filmer est devenu pour moi ce que la drogue était pour Kimi, une évasion de la réalité, de tout ce qui n’a pas fonctionné pour nous », a-t-elle souligné, notant : « la caméra m’a protégée comme un bouclier ».
Françoise Wilkowski-Dehove
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