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Avec :
John Lloyd Cruz (Hermes Papauran), Ronnie Lazaro (Primo Macababtay), Shamaine Centenera-Buencamino (Nerissa Papauran), Dms Boongaling (Raffy Lerma).
Né en 1958, il grandit dans la jungle philippine sous le règne de Marcos dans les années sanglantes de la loi martiale. Il réalise ses premiers courts métrages au milieu des années 1980 puis enchaîne les sélections dans les grands festivals : Cannes, Locarno, From what is before, Léopard d’or 2014, Berlin , A lullaby to the sorrowful mystery, Ours d’argent 2016, Venise, La femme qui est partie, Lion d’or 2016.
Résumé :
Le lieutenant Hermes Papauran est dans un profond dilemme moral : membre des forces de l’ordre, il est témoin et acteur de la campagne anti-drogue meurtrière menée par son institution. Atteint physiquement et spirituellement par ces atrocités, il est victime d’une grave maladie de peau. Alors qu’il essaie d’en guérir, un sombre passé le hante et le rattrape.
Analyse :
Le cinéma hors norme de Lav Diaz - une trentaine de films au total, dont certains durent jusqu’à neuf ou dix heures - est marqué par une mise en scène profondément minimaliste, la longueur des plans fixes, et des narrations imprégnés des violences de la nature et des hommes de son pays. Ce film s’ouvre sur une séquence quasi documentaire. Dans une école de police un enquêteur raconte à des étudiants en criminologie une histoire de disparition qu’il a résolue mais qui l’a hanté des années durant. Reconnu peu après comme auteur de violences conjugales, ce personnage complexe et tourmenté sera pendant plus de 3 heures le fil conducteur d’une narration qui a pour toile de fond la sinistre période, aux Philippines, des exécutions extra-judiciaires par milliers, commises au nom de la lutte contre les narcotrafiquants et les toxicomanes, sur l’instigation du président populiste Rodrigo Duterte qui faisait photographier les cadavres avec la pancarte « délinquant toxicomane ». Ce polar politique inquiétant devient ensuite - libre adaptation du Comte de Monte-Christo - et jusqu’à une séquence d’affrontement finale, un western échevelé et sans merci de villes en plages lorsque Primo, un vieux policier corrompu qu’Hermes avait fait « tomber » quelques années plus tôt, sort de prison à moitié fou et veut se venger, cependant que, métaphore sans doute du trouble qui s’empare de lui, des marques apparaissent sur le visage et le corps d’Hermès Papauran, gagné par l’extrême violence ambiante. C’est en lumière naturelle et dans un splendide noir et blanc granuleux, sculpté par une pellicule 16 mm que, avec une théâtralité impressionnante et souvent macabre, le regard désespéré de Lav Diaz filme, en communion avec la nature, les lieux et les êtres qui se débattent dans cet enfer tropical.
Jean-Michel Zucker
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