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Avec :
Seydou Sarr (Seydou), Moustapha Fall (Moussa).
Prix du jury Interfilm Venise 2023
Réalisation : Matteo GarroneNé en 1968. Commence comme assistant-réalisateur en 1986 et obtient le Prix du meilleur court-métrage avec Silhouette (Sacher festival 1996). L’année suivante, premier long-métrage Terra di Mezzo ; en 1998, documentaire Oreste Pipolo, fotografo di matrimoni et surtout Les Hôtes qui aborde le thème de l’immigration clandestine. 2008 voit la consécration du cinéaste avec Gomorra, Grand Prix à Cannes (sur l’univers mafieux de la Camorra). Garrone devient producteur. En 2012, il réalise Reality, Grand Prix du Jury à Cannes. Enfin il confirme sa réputation avec Dogman (2018, Prix d’interprétation masculine à Cannes), l’un des meilleurs réalisateurs italiens.
Résumé :
Seydou et Moussa, deux adolescents sénégalais entreprennent un périlleux voyage vers l’Europe, en traversant le désert du Sahara, les geôles libyennes et la Méditerranée. Seydou est forcé d’être le capitaine d’un rafiot. Le Paradis serait-il accessible après l’Enfer ? Les jeunes acteurs sont remarquables. Lion d’argent meilleur réalisateur Venise 2023.
Analyse :
Ce film frappe par son originalité . Aborder le problème de la migration incessante des habitants des pays du Sahel vers l’Europe est un thème archi-évoqué, par les médias de tous bords. Documentaires-reportages et fictions (dont certaines remarquables comme La Pirogue, Fuocoammar ) et surtout séquences-télés dramatiques avec des bateaux de fortune qui coulent sous nos yeux ou sont arraisonnés brutalement. Le parti-pris du cinéaste est très différent, car c’est le récit d’une Aventure, d’une « Odyssée » se référant en fait à l’apprentissage de la Vie elle-même par un jeune Sénégalais et son cousin. Moi Capitaine, le titre, est à lui tout seul le sens du film : Seydou s’approprie son destin ! A la fois réaliste et onirique, le récit nous fait trembler lors de la longue traversée du désert saharien, dans les prisons glauques des trafiquants et policiers véreux de Libye, et enfin dans la dangereuse traversée de Tripoli vers la Sicile. La bande-originale est constituée de musique de danses très rythmée et de chants africains, mélopées bigarrées et entraînantes. La longue marche des migrants, conduite par un bédouin à l’allure hiératique, est filmée dans une succession de fondus enchaînés au milieu d’un espace d’une grande beauté, et où s’écroulent des femmes et des hommes exténués. Seydou, hanté par le souvenir de sa mère se penche sur une femme qu’il cherche à secourir, et dans son rêve la fait s’envoler. Egalement, la longue séquence sur le bateau dont Seydou devient le capitaine contre son gré, est un tour de force, grâce aux plans filmés sous des angles différents et de tailles multiples, et au rythme soutenu. Nous sommes emportés par la succession des jours et des nuits pour cette concentration d’humanité, sans cesse menacée de naufrage. La séquence finale, où un hélicoptère en vol stationnaire plane au-dessus de l’embarcation, est comme une respiration dans un monde totalement incertain. La déclamation de Seydou est peu audible. Pas de conclusion : le cœur serré, nous savons la suite !
Alain Le Goanvic
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