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Avec :
Céline Sallette (Inès). Nina Meurisse (Judith). Julie Ferrier (Rosy Auffray). Pascale d’Inca (André Ollivro). Clémentine Poidatz (Morgan). Jonathan Lambert (Député).Adrien Jolivet (Pierre Philippe). Françoise Comacle (Rolande). Eric Combernous (Igor).
Avec un film tous les deux ans en moyenne, Pierre Jolivet, réalisateur engagé, fait un cinéma social ancré dans la réalité des simples gens. Strictement personnel (1985) est nommé au César de la 1ère oeuvre. Il a dirigé plusieurs fois Vincent Lindon (Fred 1997, Ma petite entreprise 1999) puis Roschdy Zem (Mains armées 2011, Les hommes du feu 2018).
Résumé :
À la suite de morts suspectes, Inès Léraud, jeune journaliste, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. À travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité ?
Analyse :
En 2015 la journaliste d’investigation Inès Léraud découvre le phénomène des algues vertes sur lequel elle va enquêter de 2016 à 2018. Son Journal breton sur France-Culture témoigne de son combat pour faire connaître ce sujet alors tabou, et en 2023 paraît le roman graphique multi primé Algues vertes l’histoire interdite dont s’inspire le film. Lorsqu’elles se développent en excès - long cadrage du début du film - ces algues entraînent des marées vertes impressionnantes. Apparues en Bretagne dès les années 1960 sur quelques plages des Côtes d’Armor autour de St Brieuc, elles ont gagné une part croissante du littoral breton et leur prolifération, conséquence des rejets de nitrates d’une l’industrie agro-alimentaire en pleine expansion, peut représenter un danger pour l’homme comme pour l’animal, par les gaz toxiques provenant de leur décomposition. Mieux qu’un documentaire, la forme fictionnelle choisie par les deux co-scénaristes leur permet d’amplifier la portée de ce thriller écologique. En effet plutôt que de monter un dossier à charge contre l’agro-industrie et l’élevage intensif, le film déploie, dans une mise en scène alerte qui entretient le suspense, une enquête qui va de surprises en émotions et illustre le conflit entre les intérêts économiques et les enjeux de santé des personnes. Certes le dévoilement progressif des contradictions qui maintiennent l’omerta sur la dangerosité des algues vertes respecte l’authenticité des propos des protagonistes : les petits agriculteurs eux-mêmes, les représentants du lobby agro-alimentaire, les responsables du tourisme breton, les pouvoirs communaux et politiques… mais, parallèlement, Inès Léraud, conquise par la proximité ressentie au contact de l’actrice qui l’incarne - la merveilleuse Céline Sallette, sa jumelle aux yeux clairs, passionnée et réfléchie comme elle -, accepte que soient montrés les lieux où elle a vécu à cette période et certains aspects de sa vie personnelle, notamment le soutien que lui a apporté sa compagne. A partir de la mort du joggeur dans la vasière en septembre 2016, l’observatrice qu’était Inès se mue en actrice de son enquête et en lanceuse d’alerte, soulignant la vocation du cinéma à relayer cette fonction, et rappelant le travail d’Emmanuelle Bercot dans son film La fille de Brest, autour du scandale du Médiator courageusement documenté par la pneumologue Irène Frachon.
Jean-Michel Zucker
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