![]() |
PROtestants et FILmophiles |
PROmouvoir les FILms dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain
ACCUEIL - QUI SOMMES-NOUS ? - ACTIVITES - PUBLICATIONS - GROUPES - CRITIQUES DE FILMS - RADIO - FESTIVALS
Avec :
Thomas Schubert (Leon), Paula Beer (Nadja), Langston Uibel (Felix), Enno Trebs (David), Matthias Brandt (Helmut).
Grand prix du Jury, Berlin, 2023.
Réalisation : Christian PetzoldChristian Petzold, né en Rhénanie (1960), fit son service civil dans un ciné-club local avant d'étudier à Berlin puis à l'Académie de cinéma et télévision. Après quelques téléfilms, son premier long métrage, Contrôle d’identité (2000, sur des terroristes d’extrême gauche) fut apprécié, comme ensuite, cumulant une quarantaine de récompenses : Wolfsburg (2003), Fantômes (2005), Yella (2007) avec Nina Hoss qui jouera ensuite dans Jerichow, Barbara et Phoenix ( 2014), puis avec Paula Beer Transit (2017), Ondine (2020) et Le Ciel rouge qui a obtenu le grand prix du Jury à Berlin cette année.
Résumé :
Deux amis se rendent dans une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique pour une retraite studieuse. Les journées sont chaudes et il n'a pas plu depuis des semaines. Mais la maison au milieu des pins est déjà occupée, il faudra cohabiter, des rumeurs d'incendies de forêt se font plus concrètes et pressantes tandis que les relations entre les personnages se compliquent.
Analyse :
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs... » Cet avertissement d'un homme politique date de 2002 ! Son adéquation à la situation des personnages de Le Ciel rouge perdus dans leur forêt est saisissante, et donne au film la valeur d'une sombre allégorie des alertes stériles du GIEC : allusions verbales, sonores ou visuelles à l'incendie parsèment en effet la projection, mais sans jamais émouvoir les protagonistes sauf à la toute fin, ce qui sera trop tard pour certains.
D'autres pistes sont à suivre dans ce qui s'amorce comme un film d'horreur : voiture en panne dans la futaie mystérieuse, ses deux occupants égarés bien incapables de se tirer d'affaire ; laissé seul par Félix qui cherche à se repérer, Léon est traqué par des bruits apeurants, craquement d'arbres sous le vent, vrombissements d'avions très proches, cris d'animaux inconnus... Ce contexte se renouvellera plus tard, aggravé par des annonces de feux. La maison enfin trouvée, le climat s'apaise, puis se re-crispe à la découverte d'autres habitants, qui en fait se révèleront anodins, entretenant un jeu de bascule entre angoisse et détente.
Le film progresse via les apparitions des personnages dont on fait connaissance par petites touches, parfois déroutantes, qui feront l'essentiel de la narration : Nadja, charmante et secrète, dont tous s'amourachent ; son partenaire Devid, amant furtif puis sympathique homme de plage ; plus tard, Helmut l'éditeur de Léon, venu lui dire le peu que vaut son manuscrit, et que toute cette jeunesse émoustille malgré sa sévère maladie. Léon, auteur frustré, s'isole dans une misanthropie et une oisiveté provocantes. A la romance, dosée comme il se doit d'homosexualité, s'ajoute aussi la fracture sociale : mépris envers la marchande de glaces, obséquiosité face aux diplômes, racisme envers les habitants de l'ancienne RDA – où se situe cette côte poméranienne.
Ce film d'été, personnages jeunes et dépaysement temporaire, se referme sur une tragédie que l'on attendait. Pluie de cendres, approche des flammes, fuite ou mort d'animaux des bois, elle se concrétise brutalement par la disparition de Félix et Devid qu'on retrouvera enlacés comme à Pompéi. Une conclusion cynique fait enfin triompher Léon, qui trouvera dans ces drames matière à un nouveau roman enfin réussi, et utilisera pour son édition les photos prises par Félix.
Jacques Vercueil
Autres articles sur ce film
Siège social, 40 rue de Las Sorbes, 34070 Montpellier Secrétariat national, 25 avenue de Lodève, 34070 Montpellier |