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Avec :
Arieh Worthaler (Goldman), Arthur Harari (Kiejman), Stéphan Guérin-Tillié (le Président du tribunal), Nicolas Briançon (Maître Garaud), Aurélien Chaussade (L'avocat général), Christian Mazucchini (Maître Bartoli dans le film, représentant Maître Pollak dans l’Histoire), Jeremy Lewin (Maître Chouraqui), Jerzy Radziwilowicz (Alter Goldman).
Cédric Kahn, né en 1966 à Paris, entre au cinéma par le montage (1987, stagiaire pour Sous le soleil de Satan de Pialat). Après deux courts en 1989-1990, et du travail de scénarios, il tourne en 1993 son premier long métrage, Bar des rails, sélectionné à Venise. Vient ensuite un téléfilm dont la version longue, Trop de bonheur, aura le Prix Jean-Vigo 1994. En 1998, ce sera le Delluc pour L'Ennui, d'après Moravia. Roberto Succo sera en compétition à Cannes 2001, et Feux rouges (2004) sera sélectionné à Berlin. Sur une quinzaine de longs métrages, citons encore Les regrets (2009), Une vie meilleure (2012), La vie sauvage (2014).
Résumé :
Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, est accusé de quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire. Sa condamnation en première instance à perpétuité est annulée en cassation ; avant le second procès (novembre 1975), son autobiographie Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France en fait une icône de la gauche intellectuelle.
Analyse :
Au début du film, Chouraqui, jeune avocat, se rend chez Kiejman à la demande de Pierre Goldman, toujours détenu à la prison de Fresnes, et lui transmet une lettre le démettant de sa défense pour le procès en assises qui se tiendra très prochainement. Goldman enverra rapidement à Kiejman un mot annulant cette décision. Ces gestes successifs et contradictoires révèlent le caractère exigeant et la défiance du prévenu.
A l’exception de ces premières images, le film se déroule en huis clos de manière à rendre, le plus efficacement possible, les tensions qui se révéleront au cours du procès. Goldman clame son innocence, sa judéité, accuse ses accusateurs de racisme. Les trois avocats de la défense, Chouraqui, proche ami de Pierre ne plaidera pas, Kiejman et Bartoli plaideront sur des registres très différents : pour Kiejman, il faut s’appuyer sur des faits, démonter les témoignages confus, Bartoli, lui, revient sur l’enfance difficile du prévenu, son admiration pour ses héros de parents pendant la guerre, et son désir de les imiter : « Il est toujours arrivé trop tard dans ses luttes ! ». Goldman et Kiejman, après la Shoah, avaient suivi des voies différentes. Kiejman a surmonté ses douleurs et s’est parfaitement intégré, Goldman a connu la séparation de ses parents et le retour de sa mère en Pologne. Il a échoué dans le projet de suivre la trace héroïque de ses ascendants. Une révolte permanente a dirigé sa vie.
Le réalisateur craignait que des acteurs trop connus soient connotés et nuisent à la perception du récit par le spectateur. Ils ne sont pas de premier plan, ils ont été choisis pour leurs qualités dans leurs rôles et leurs ressemblances avec les personnages qu’ils incarnaient. Les figurants ne connaissaient que les clans qui leur étaient affectés (police, extrême droite, extrême gauche, etc.) et se manifestaient donc spontanément dans les bancs de la salle.
Faute d’avoir eu accès aux minutes du procès, Cédric Kahn et son équipe ont exploré soigneusement les journaux de l’époque, en tirant l’essentiel pour le scénario. La visite de Chouraqui à Kiejman a constitué leur seul écart par rapport à la vérité. Par contre la lettre lue dans le film au cours de cette visite, a bien été écrite.
Emouvant, ce film présente une certaine actualité. Cinquante ans après, nous retrouvons les mêmes clivages de notre société avec les extrêmes qui s’affrontent. La justice garde son cap.
Nicole Vercueil
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