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Avec :
Robert de Niro (William Hale), Leonardo DiCaprio (Ernest), Lily Gladstone (Mollie Burkhart), Jesse Plemons (Tom White), Tantoo Cardinal (Lizzie Q), John Lithgrow (Leaward), Cara Jad Myers (Anna), Janae Collins (Rita), Jillian Dion (Minnie).
Martin Scorsese, né en 1942 à New York, dans une famille d’origine italienne catholique, est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur majeur, Palme d’or à Cannes pour Taxi driver dès 1976 (avec De Niro déjà son complice -10 films ensemble). Sa filmographie immense et multiforme révèle son intérêt pour la culpabilité, la violence, l’Histoire. La Fondation pour le film qu’il a créée en 1990 vise à préserver le patrimoine mondial du cinéma. Killers…est son 27ème long-métrage.
Résumé :
L’histoire terrible, longtemps escamotée par les Etats-Unis, de la tribu des Osages, installée sur des terres pauvres de l’Oklahoma, après plusieurs déménagements. Ils s’enrichirent soudainement grâce à la découverte de pétrole sur leur sol, à la fin du 19ème siècle, avant d’être spoliés par des affairistes criminels dans les années 1920. L’épisode raconté dans le film se situe en 1921.
Analyse :
Dans cette fresque monumentale, un western qui tient autant de la tragédie shakespearienne que du film noir et du thriller, Scorsese éclaire une page sinistre de l’histoire étasunienne, la spoliation des tribus indiennes. Les Osages, une des rares nations amérindiennes à avoir acheté leur propre réserve, sont présentés dès la toute première scène du film, lors d’une cérémonie traditionnelle d’enterrement du calumet de la paix. Gros plans sur les visages, plans moyens, plan large sur la vaste prairie … le style narratif est lancé tandis que la tribu pleure, prévoyant que ses enfants et petits-enfants seront éduqués par des blancs, du fait des mariages mixtes. A bon rythme, pendant 3 heures et demie, dans une succession de scènes plutôt courtes, certaines violentes, d’autres intimistes ou au sein d’une foule, l’histoire se déroule, du point de vue osage, par les yeux de la belle Mollie, de sa mère et de ses soeurs. La tension monte à mesure qu’on enterre les sœurs de Mollie. Enveloppée dans une épaisse couverture traditionnelle, la jeune femme, qu’interprète, avec beaucoup de présence et de simplicité, Lily Gladstone (elle-même descendante de tribus autochtones), apparaît gaie et confiante lors de sa rencontre avec Ernest, puis son caractère évolue. Tout en étant amoureuse, elle finit par être déstabilisée dans son couple par les décès mystérieux qui frappent les siens, puis totalement démunie. Ernest (DiCaprio) est revenu de la guerre, un être assez limité qui va subir sans trop rechigner l’influence machiavélique de son oncle (De Niro), mais il tombe sincèrement amoureux de Mollie. Les deux acteurs fétiches de Scorsese sont magnifiques, De Niro bénéficiant d’un rôle plus valorisant car il incarne un éleveur, homme d’affaires et criminel qui a bien existé. Se disant le protecteur des Osages, invoquant la Bible, entouré de bons avocats, William Hale s’emploie en sous mains à faire que l’argent des Osages retombe finalement entre « de bonnes mains », les siennes. Son système criminel est l’un des moteurs du suspense. Acteurs, costumiers , décorateurs et cameramen osages ont été inclus dans la chaîne de fabrication du film et le chef osage, Geoffrey Standing Bear, élu en 2014 à la tête de sa communauté de 25.000 personnes, s’est félicité de voir la langue osage correctement parlée par les trois principaux acteurs (interview au Monde). Les innombrables personnages sont dirigés de main de maître avec tous les procédés du cinéma et une bande son à la hauteur avec jazz et country. Des images d’archives reconstituées nourrissent le sujet et, dans un final grandiose, c’est Martin Scorsese lui-même qui apparaît, en bateleur d’un show de foire. Un grand film.
Françoise Wilkowski-Dehove
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