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Avec :
Benoit Magimel (Dodin), Juliette Binoche (Eugénie), Emmanuel Salinger (Dr Rabaz), Patrick d'Assumçao (Grimaud), Galatea Bellugi (Violette), Bonnie Chagneau-Ravoire (Pauline).
Prix de la mise en scène, Cannes, 2023
Réalisation : Anh-Hung TranTran Anh-Hung, né à DaNang en 1962, réfugié en France en 1975, étudie le métier d'opérateur à Louis-Lumière et débute en 1987 par un court métrage. Son premier long, l'Odeur de la papaye verte (1993) lui vaut en 1994 la Caméra d'or et le César du premier film. Suivront Cyclo (1995, Lion d'or à Venise) et A la verticale de l'été (2000, concluant sa trilogie vietnamienne). Trois autres films précèderont La passion de Dodin Bouffant, prix de la mise en scène à Cannes 2023.
Résumé :
Fin XIX°. Eugénie est depuis 20 ans la cuisinière géniale du grand gastronome Dodin Bouffant, et tous deux collaborent dans la création de plats extraordinaires. Un groupe d'amis connaisseurs partage avec eux l'admiration pour la haute cuisine. Lorsque Dodin propose à Eugénie de l'épouser, elle préfère d'abord garder sa liberté.
Analyse :
La passion de Dodin Bouffant est un film à la réalisation admirable, et Tran Anh-Hung lui-même souligne son ambition d'une grande qualité cinématographique : pari réussi. La beauté des images, des décors (vieille maison patricienne, meubles et accessoires, tapis et tentures, costumes, mais aussi jardins d'agrément ou potagers...), des éclairages (fin de jour, feu de bois, lampes sur les tables...) sont photographiés avec autant d'art que d'enthousiasme. Une carafe versant son vin dans un verre allume de transparences vives un sombre paysage de mets et plats sur une vaste table entourée de bourgeois en costumes noirs... La lumière se diffuse dans toutes les vapeurs qui imbibent l'atmosphère, au dessus des casseroles, de la cheminée, des pots et des assiettes, des respirations. De même, la bande son, qu'aucune musique n'encombre avant le générique de fin, accompagne les scènes de tous les petits bruits de l'existence : pépiements dans le jardin, crépitements dans l'âtre, des tissus, heurts des objets en bois, chaussures sur les planchers, frottement étouffé dans la nuit des chaussons sur les marches de l'escalier... Les cadrages sont composés avec un soin qui nous met face à des tableaux de maîtres, et le plus souvent il s'agira de ces chefs d'œuvre de nature morte, comme chez Willem Claesz Heda ou Jan de Heem, dont le genre du 'repas servi' devait tant aux fruits, aux viandes, aux coupes et aux cristaux triomphant sur des tables plus que généreuses...
Mais cette beauté de tous les instants est bien nécessaire pour maintenir l'attention du spectateur ou de la spectatrice, étant donné l'absence d'une histoire à laquelle on puisse s'intéresser. Car, malgré l'excellent travail d'actrice et d'acteur des protagonistes, ce n'est pas l'incertitude sur le futur commun ou pas de Dodin et Eugénie, ou sur la réussite de la petite Pauline à la succession de cette dernière, qui pourront alimenter l'intérêt du public. D'autant que le mystère le plus épais soulevé par ce film n'est même pas abordé : comment peut-on survivre à des orgies alimentaires d'une telle intensité et abondance ?
Jacques Vercueil
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