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Fiche technique :
Réalisation et scénario : Alice Rohrwacher - directeur de la photographie : Hélène Louvart - chef monteur : Nelly Quettier - ingénieur du son : Xavier Lavorel - production : RAI cinema, Ad Vitam - distribution : Ad Vitam.

Avec :
Josh O’Connor (Arthur) - Carol Duarte (Italia) - Isabelle Rossellini (Flora) - Alba Rohrwacher (Frida) - Vincenzo Nemolato (Pino) - Giuliano Montovani (Jerry) - Melchiore Pala (Melchiore).

La chimère

Italie, France, Suisse, 2023, 133min.

Alice Rohrwacher est née à Fiesole (Italie) en 1980 et a fait des études de littérature avant de se tourner vers le cinéma. Son premier film, Corpo celeste, présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2011 à Cannes a reçu le Ruban d’argent du premier film. Elle a ensuite enchaîné les récompenses au Festival de Cannes avec ses films suivants : Grand prix pour Les Merveilles en 2014 et Prix du scénario pour Heureux comme Lazzaro en 2018. Elle pratique un cinéma original, à la fois réaliste et poétique, que certains critiques ont rapproché du mouvement de l’Arte Povera. Elle dirige souvent sa soeur, l’actrice Alba Rohrwacher. 

Résumé :

Chacun poursuit sa chimère sans jamais parvenir à la saisir. Pour certains, c'est un rêve d’argent facile, pour d'autres la quête d’un amour passé… De retour dans sa petite ville du bord de la mer Tyrrhénienne, Arthur retrouve sa bande de Tombaroli, des pilleurs de tombes étrusques. Arthur a un don qu’il met au service de ses amis brigands : il ressent le vide. Le vide de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en lui le souvenir de son amour perdu, Beniamina.

Analyse :

Comme dans ses films précédents, Alice Rohrwacher nous emmène dans des villages isolés du sud de l’Italie. Nous découvrons Arthur, le héros du film, dans un train, mal rasé et vêtu d’un costume défraîchi, et on comprend qu’il sort de prison. S’endormant sur son siège, il rêve d’une belle femme blonde au profil antique dont on découvrira qu’il l’a aimée, qu’elle est morte et qu’elle le hante toujours. A l’arrivée, ses copains l’attendent. D’abord réticent, il finit par les rejoindre, ce sont des Tombaroli, des pilleurs de tombes, des branquignols pas très futés, qui ne pensent qu’à l’argent qu’ils recevront pour les objets trouvés, des sommes assez modestes d’ailleurs, car les vrais profiteurs de cette mafia de l’art sont les receleurs et les vendeurs. Mais Arthur lui est d’une autre espèce ; anglais et éduqué, il est fasciné par le silence des tombes et par la beauté de ces objets si anciens. Amour d’une morte et attrait des tombeaux se conjuguent pour tirer Arthur vers la mort. Mais il rencontre Italia, une jeune femme mère de deux enfants, réfugiée dans la grande maison, noble et délabrée, où règne, fascinante et un peu folle, la mère de son Eurydice, jouée par Isabella Rossellini, qui refuse la mort de sa fille Beniamina. Italia, elle, est solaire, elle est dynamique, elle incarne la lumière et la vie, réussira-t-elle à sortir Arthur des ombres de la mort ? C’est le ressort dramatique du film qui, comme tous les films d’Alice Rohrwacher, est à la fois ancré dans la terre, dans la boue des chemins et des tombes et en même temps plein d’une fantaisie poétique proche du fantastique. Sur la forme, on pourra critiquer des hommages à Fellini un peu trop appuyés mais il y a par contre de vrais réussites de mise en scène notamment une épopée des Tombaroli chantée au bord de la mer par une sorte de barde, à la fois pittoresque et très émouvante. Un film d’une beauté étrange.

Jacques Champeaux

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