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Documentaire
Réalisation : Maciek HamelaNé à Varsovie, Maciek Hamela étudie à Paris la littérature française puis le cinéma. Il est réalisateur de plusieurs documentaires, producteur de cinéma et de radio, collaborateur de BBC Channel et son œuvre radiophonique est récompensée en Pologne. Son court documentaire Bless You est récompensé à Cannes 2021 dans la section Cannes Docs.
Résumé :
Un van polonais sillonne les routes d’Ukraine. A son bord, Maciek Hamela évacue des habitants qui fuient leur pays depuis l’invasion russe. Le véhicule devient alors un refuge éphémère, une zone de confiance et de confidences pour des gens qui laissent tout derrière eux et n’ont plus qu’un seul objectif: retrouver une possibilité de vie pour eux et leurs enfants.
Analyse :
Ce documentaire se veut «à l’iranienne», c’est à dire tourné presqu’exclusivement en huis clos dans un véhicule, comme chez Panahi ou Kiarostami que le cinéaste admire. Se frayant un chemin entre les champs minés, celui-ci nous embarque comme passager à bord de son van pouvant contenir 6 à 8 Ukrainiens qui fuient leur pays. En effet, «envahi par un sentiment de désespoir et d’inutilité», il s’est au départ improvisé chauffeur pour évacuer surtout des femmes et des enfants ou des vieux, puisque les hommes qui étaient en âge de prendre les armes étaient mobilisés. Après quelques allers-retours entre la frontière et Varsovie, il s’est enfoncé jusqu’à Kiev, Kharkiv ou Marioupol, en parcourant plus de 100.000 km en 6 mois et en évacuant plus de 400 personnes, sans jamais sélectionner ses passagers selon leur profil. C’est en percevant de son siège de conducteur des bribes d’histoires de massacres ou de tortures, qu’il va prendre la décision de filmer l’arrière de son van en se relayant au volant et à la caméra avec son chef-op - dispositif qui permet de cesser à tous moments le recueil d’images, sur la demande éventuelle de ces exilés. La guerre demeure hors champ, et pourtant nous la voyons se refléter sur le visage des personnes qu'il aide à rejoindre la Pologne. En tournant le dos à la guerre, ceux-ci commencent à réaliser l'ampleur du désastre : derrière eux, un monde détruit, dont les réfugiés ont tenté de sauver les débris : des chats, quelques vêtements, un fer à repasser... devant eux la séparation d’avec les maris, les fils, les pères qui sont restés pour défendre leur pays. En pointant sa caméra vers l’arrière (d’où le titre original du film: dans le rétro viseur), le cinéaste pose sur eux un regard plein de respect et de tendresse, toujours dans la bonne distance, et parvient ainsi à associer à son geste humanitaire un geste cinématographique fort. Le film donne à voir une communauté de destins dans laquelle nous reconnaissons et retrouvons notre humanité.
Jean-Michel Zucker
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