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Réalisation : Jia Zhang-Ke, Scénario: Jia Zhang-Ke, Zhai Yongming Photographie: Lu likwai, Wang Yu (HD Cam SR) Son: Zhang Yang. Montage: Lin Xudong, Kong Jinlei. Musique: Yoshihiro Hanno, Lim Yong Production: Xstream Pictures, Shanghai Film Group Corp. Distribution française: Ad Vitam
Avec :
Joan chen (Xiao Hua), Lu Liping (Hao dali), Zhao Tao (Nana), Chen Jianbin (Song Weidong), et He Xikun, Wang Zhiren, Guan Fengjiu, Hou Lijun, Zhao Gang.
Résumé :
A Chengdu, capitale actuelle du Sichuan, l'usine 420, fleuron de l'industrie aéronautique militaire, et sa cité ouvrière modèle disparaissent après 60 ans d'existence, pour faire place à un complexe d'appartements de luxe, "24 City". Entre nostalgie du socialisme passé pour les anciens et désir de réussite pour les jeunes l'évocation des effets biographiques du passage de l'économie planifiée à l'économie de marché se construit à travers la réalité des interviews d'ouvriers et 4 témoignages fictionnels.
Analyse :
Il s'agit d'une métaphore significative de l'histoire de la Chine à travers la transformation de cette usine d'état ultra-secrète- qui va décliner depuis la fin de la guerre du Vietnam- en une entreprise privée à but très lucratif . Introduite par quelques images saisissantes décrivant le travail à la chaîne encore en vigueur il y a peu, cette cinématographie de l'évolution de la société chinoise, ponctuée au cours du film par des photos statiques d'employés, d'ateliers ou de familles se construit à travers les interviews de trois générations mêlant, beau symbole en situation, travailleurs et acteurs professionnels : vieux ouvriers décrivant les vicissitudes de la révolution culturelle; évocations nostalgiques ou attendries de leur vie par "Petite fleur", la plus belle des employées, ou Mr Song, jeune directeur quadra; contrastant avec la soif de consommation d'une jeune femme nouveau riche. Sous nos yeux se déploie une Chine nouvelle qui, dans la fièvre nationaliste, sort de terre comme une terre promise, en un lien revendiqué avec son passé. Les cadrages sont surprenants qui exaltent la géométrie des espaces,- ateliers à l'abandon,portes ou fenêtres ouverts sur de vastes chantiers -, et la composition des plans rappelle le passage du réalisateur par la peinture. On note aussi le soin apporté à certaines respirations entre les interviews dont l'austérité est adoucie par des chansons sentimentales mélodieuses et attendrissantes, et des citations poétiques tirées du « Rêve dans le pavillon rouge » et de WB Yeats. Ce film, tout à la fois hommage à la classe ouvrière et au cinéma, sécrète ainsi une passionnante petite musique au charme discret, reflet peut-être de l'empathie du réalisateur pour des personnages qu'il élève, en les écoutant longuement, à la dignité de sujets de l'Histoire.
Jean-Michel Zucker
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