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Avec :
Cailee Spaeny (Priscilla Presley). Jacob Elordy (Elvis Presley).
Sofia Coppola, 52 ans, fille talentueuse de Francis Ford Coppola, se fait connaitre par un film choc : Virgin suicides (1999). Suivront Lost in translation (2003), Marie-Antoinette (2006) Somewhere (2010), des films qui ont en commun l’intérêt que porte S. Coppola à de très jeunes gens que la vie semble privilégier et qui pourtant sont en souffrance. En 2013 The Bling Ring, en 2020 On the Rocks. Priscilla (2024) est son dernier film.
Résumé :
1959, sur une base militaire américaine en Allemagne de l’Ouest. Au cours d’une soirée dansante, la toute jeune Priscilla, 14 ans, rencontre un jeune homme de 10 ans son aîné. C’est le coup de foudre. Lui c’est Elvis Presley, star mondiale du rock. Priscilla le rejoindra dans sa somptueuse demeure de Graceland à Memphis : un conte de fée ? Mariage fastueux à Las Vegas, naissance d’une petite fille, divorce : ce sont les 13 années de la vie de Priscilla à Graceland que nous raconte Sofia Coppola.
Analyse :
Non, ce n’est pas un film sur Elvis Presley, mais bien sur la très jeune femme qui vit à ses côtés : Priscilla. Une fois encore Sofia Coppola se penche sur la solitude et la détresse de très jeunes gens qui ont, dit-on, tout pour être heureux et ne le sont pas. Priscilla pourrait appartenir à une trilogie, dont le premier volet serait Virgin suicides : Cecilia, 13 ans, benjamine d’une fratrie de 5 sÅ“urs dans une famille aisée, se jette par la fenêtre. Marie Antoinette a 14 ans quand elle se voit arrachée à sa mère, Marie Thérèse d’Autriche, promue dauphine de France, mariée à un très jeune homme, le futur Louis XVI. Deux adolescents sacrifiés à la « raison d’Etat » avec la fin que l’on sait.
Sofia Coppola, qui s’inspire des mémoires de Priscilla, Elvis et moi, s’interroge et nous interroge face à ce couple étrange que forment Elvis et Priscilla. Lui qui veut la modeler à l’image de son fantasme et elle qui accepte ce rôle : il choisit ses robes de soirée, décide de son maquillage et de ses coiffures. Elle vit dans un luxe de conte de fées, se plie à ses exigences avec patience : Je veux que tu sois là quand je t’appelle, exige-t-il. Le spectateur s’indigne quelque peu : c’est de l’emprise non ? Certes, mais elle n’aura pas le dernier mot. Un peu plus tard, Priscilla, immobile, assise au milieu d’un vaste canapé dans le salon d’apparat de Graceland, semble figée dans sa solitude. Quand l’avoir est excessif, l’être pâtit : elle est en manque d’être. La photo de mariage nous en dit long : lui debout, elle assise : deux statues. Ils ne se regardent pas. Le décor : des roses blanches, une pièce montée blanche, des bougies blanches comme des cierges, c’est funèbre. La naissance d’une petite fille un an plus tard ne fera pas de miracle : le temps de la résilience est arrivé pour Priscilla qui le dira ainsi à son mari stupéfait : I want my own life.
Hommage à Sofia Coppola pour son talent de cinéaste : le film s’ouvre sur un petit pied blanc aux ongles délicatement vernis qui foule une moquette rose bonbon, profonde comme une fourrure. Il se clôt sur l’image d’une jeune femme déterminée qui s’assied au volant de sa voiture et démarre dans la lumière grise du petit matin. Voici un film singulier, pudique et émouvant.
Françoise Lods
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