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Avec :
Emma Stone (Bella Baxter) – Willem Dafoe (Godwin Baxter) – Mark Ruffalo (Duncan Wedderburn) – Ramy Youssef (Max McCandless) – Christopher Abbott (Alfie Blessington) – Hanna Schygulla (Martha Von Kurtzroc) – Jerrod Carmichael (Harry Astley).
Yorgos Lanthimos, réalisateur grec né à Athènes en 1973, pratique un cinéma baroque, surréaliste, très créatif, qui lui a valu d’être régulièrement invité au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise et d’y recevoir les plus hautes récompenses : à Cannes, Prix du jury pour The Lobster en 2015 et Prix du scénario pour Mise à mort du cerf sacré en 2017 ; à la Mostra : Grand prix du jury pour La Favorite en 2018 et Lion d’or pour Pauvres créatures en 2023.
Résumé :
Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération.
Analyse :
Avec Pauvres créatures, Yorgos Lanthimos nous livre un conte philosophique à la manière de Voltaire, revisité par le roman gothique anglais et le cinéma surréaliste. Le film se déroule à la fin du 19ème siècle et son Candide est une jeune femme, Bella Baxter, œuvre d’un savant fou à la gueule de Frankenstein. La jeune femme s’était jetée dans la Tamise, et le savant l’a sauvée de la mort en lui greffant le cerveau du bébé qu’elle portait. Elle a donc un corps de jeune femme et un cerveau d’enfant mais un enfant qui apprend vite. La première partie nous montre ses premiers pas dans la maison baroque et inquiétante du savant, peuplée d’animaux étranges, comme une poule à la tête de porc ou un chien à la tête de canard. Cette partie est filmée en noir et blanc, le plus souvent avec un fish eye, un grand angle déformant. Cette recréation des films fantastiques des années 30 dans un mode surréaliste est une merveille.
Mais la jeune femme se sent vite à l’étroit, elle veut vivre sa vie et multiplier les expériences. Elle profite du passage d’un séducteur pour quitter le savant et partir à la découverte du vaste monde. Ce voyage initiatique passera par Lisbonne, un Lisbonne délirant en carton-pâte que n’aurait pas désavoué Gaudi puis par un paquebot qui évoque autant le cinéma de Fellini que les illustrations des livres de Jules Verne. Le film passe à la couleur, une couleur très travaillée, violente, qui évoque la peinture expressionniste. Bella a un peu de mal à assimiler les codes de la bonne société mais fait par contre des progrès fulgurants dans la découverte de son corps et du plaisir sexuel, sans aucun préjugé. Après Alexandrie où elle ruine son protecteur et Paris où elle le quitte pour un bordel, elle retrouve Londres où, après quelques péripéties, elle vivra, adulte, riche et comblée. Ce récit initiatique est inégal, il y a des longueurs, on pourra ne pas aimer certaines scènes, mais il montre une fois encore la prodigieuse inventivité du cinéma de Yorgos Lanthimos, ainsi que le talent exceptionnel de Emma Stone qui interprète Bella.
Jacques Champeaux
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