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Avec :
Lyna Khoudri (Line), Anamaria Vartolomei (Jane), Camille Cottin (la Reine), Fabrice Luchini (Belzébuth), Brandon Vilieghe (Jony), Julien Manier (Rudy), Bernard Pruvost (Van der Weyden), Philippe Jore (Carpentier).
Dumont rĂ©alise Ă 38 ans son premier long-mĂ©trage tournĂ© Ă Bailleul (Pas de Calais), La Vie de JĂ©sus (CamĂ©ra d’Or Cannes 1997) puis obtient deux Grand Prix, en 1999 avec L’HumanitĂ©, et en 2006 avec Flandres. Suivront 2 films sur les dĂ©rives du religieux, Hadewijch et Hors Satan; puis, dans une veine comique, Ma Loute et la mini-sĂ©rie P’tit Quinquin, et musicale 2 films sur Jeanne d’Arc. Enfin France en sĂ©lection officielle (Cannes 2021).
Résumé :
Entre le ciel et la terre, entre Ma Loute et La Vie de JĂ©sus, le film nous offre une vision caustique, cruelle et dĂ©jantĂ©e de « La Guerre des Ă©toiles ».
Analyse :
Beaucoup plus riche qu’un simple pastiche des odyssĂ©es spatiales, ce film est un prodigieux spectacle cinĂ©matographique oĂą surnaturel et rĂ©el quotidien s’enchevĂŞtrent, une transposition Ă©pique et spectaculaire des forces obscures qui nous travaillent, une mĂ©taphore magnifiĂ©e et caricaturale des grandes questions qui nous agitent - origine et fin du monde, lutte du Bien contre le Mal, menace d'invasion de notre planète par des inhumains venus d’ailleurs. Cette dystopie sur fond de rĂ©fĂ©rences mythologiques et lĂ©gendaires, mais amarrĂ©e Ă notre temps et ancrĂ©e dans un lieu rĂ©el, le Boulonnais, est le prĂ©quel de la Vie de JĂ©sus qu’il explicite rĂ©trospectivement. L’Empire raconte mythologiquement l’origine des forces du bien et du mal sur la terre, liĂ©e Ă l’enfance, dans un petit village du nord de la France, de Freddy le Margat, progĂ©niture de BelzĂ©buth conçue par 2 humains, Jony et Lou sa femme, possĂ©dĂ©s par le prince des tĂ©nèbres, mais en proie au dĂ©sir et Ă l’amour qui vont contrecarrer leurs plans. Ce bĂ©bĂ© deviendra l’anti-hĂ©ros raciste du premier film de l’auteur dont la vie illustre bien ce que dit St Paul aux Romains 7:19, « car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ». Bien que l’auteur croie plus au burlesque qu’au sacrĂ©, il mĂ©nage « comme avec un trombone Ă coulisses » durant tout le film une bascule continuelle du tragique au comique, figure de la tragi-comĂ©die qu’est l’existence humaine Ă la recherche d’un Ă©quilibre, et expliquant peut-ĂŞtre l’attribution Ă Berlin du Prix du Jury.
Le dynamisme de la mise en scène portĂ©e par le travail choral et le brio des acteurs professionnels ou non, emmenĂ©s par un Luchini/BelzĂ©buth en grande forme, Ă©merveille le spectateur s’il veut bien accepter le cĂ´tĂ© Marx Brothers philosophique d’un film dont l’auteur souhaite qu’il permette, comme dans le théâtre antique, la « purgation des passions humaines ».
Jean-Michel Zucker
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