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Avec :
Jack Lowden (Siegfried Sassoon), Geraldine James (La mère), Peter Capaldi (Siegfried Sassoon âgé), Kate Phillips (Hester Gatty), Gemma Jones (Hester Sassoon âgée), Richard Goulding (George), Simon Russell Beale (Robbie Ross), Matthew Tennyson (Wilfred Owen), Jeremy Irvine (Ivor Novello), Calam Lynch (Stephen Tennant), Anton Lesser (Stephen Tennant âgé).
Né à Liverpool de parents ouvriers catholiques, aide comptable pendant 10 ans, il débute par une trilogie autobio graphique remarquée, puis 4 films seulement entre 1984 et 2000 dont Distant voices, Still Lives Léopard d'or à Locarno en 1988 ; suivront une ode à Liverpool Of time and the city (2008), et deux drames, Sunset song, 2015, et Emily Dickinson A quiet passion, 2016. Romancier et acteur, il est aussi le seul scénariste de ses films.
Résumé :
En 1914, le jeune Siegfried Sassoon, poète en devenir, est enrôlé dans l’armée britannique. Lorsqu’il revient du front, il est révolté par ce qu’il a vu. Ses pamphlets pacifistes lui valent une mise au ban par sa hiérarchie, mais aussi une forme de reconnaissance artistique qui lui ouvre les portes d’une nouvelle vie mondaine. Mais dans cette société du paraître, Siegfried se perd, tiraillé entre les diktats de la conformité et ses désirs de liberté.
Analyse :
Contemporain de Ken Loach et Mike Leigh mais plus confidentiel, ce cinéaste mort à l’automne 2023 a senti qu’il avait de puissantes affinités avec le personnage et la vie de Siegfried Sassoon. Le film, que documentent ses mémoires et ses poèmes, a pour toile de fond la première guerre mondiale et le spectre de la seconde. Il propose la vision de Davies de la vie d’un poète anglais relativement peu connu, maltraité par la vie et aux amours contrariées, et dont la tristesse deviendra inguérissable. L’artiste a combattu dans les tranchées en 1915 et 1916 en tant que lieutenant. Ayant vu périr ses hommes dans d’horribles souffrances, il refuse de cautionner cette boucherie pour promouvoir l’objection de conscience. Les tribunes qu’il publie lui valent une forte notoriété dans les milieux artistiques et lui évitent la cour martiale. Relégué dans une clinique psychiatrique en Ecosse, il y rencontrera un médecin à l’écoute et surtout le jeune poète Wilfred Owen dont il tombera amoureux. Malgré la persistance du traumatisme mortifère, ce climat émotionnel favorable lui permettra d’exprimer et d’assumer son homosexualité. Après-guerre, il mènera une vie mondaine et sentimentale animée, passant d’un amant à l’autre avant de « se ranger » en épousant une admiratrice. Davies filme Sassoon avec empathie mais sans affèterie Il montre sa douleur de survivant auprès des morts et des mutilés, son courage, son honnêteté et sa maîtrise de soi dans son combat pacifiste. Entouré par des acteurs remarquables, Jack Snowden prête au poète sa présence magnétique tandis que l’auteur, alternant les temps et les époques, tisse une délicate alliance entre la grande et la petite histoire, juxtaposant avec émotion le traumatisme de la guerre rehaussé par des images d’archives en noir et blanc, et avec retenue le désir homosexuel dans des images en couleur - en dépit du fait que les amours de Sassoon prennent peut-être une place excessive dans la seconde partie du film. A côté de la fascination qu’exercent de nombreux plans, la grande séduction du film tient à la qualité de ses dialogues - éblouissantes joutes verbales pleines d’humour et de finesse dans les cercles mondains - et à la beauté des poèmes de Sassoon.
Jean-Michel Zucker
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